(New York) La Bourse de New York a accusé vendredi une nouvelle semaine dans le rouge, terminant sur une sévère perte, inquiète de l’attitude agressive de la Fed vis-à-vis de l’inflation qui pourrait ralentir l’économie.

Selon des résultats définitifs, l’indice Dow Jones a cédé 2,82 % à 33 811,40 points, inscrivant sa plus mauvaise séance du mois. Le NASDAQ, à forte coloration technologique, a perdu 2,55 % à 12 839,29 points et le S&P 500 a lâché 2,77 % à 4271,80 points.

Les cours ont continué de réagir aux propos plus bellicistes de Jerome Powell, président de la Banque centrale américaine (Fed), face à l’inflation. Le banquier central a dit jeudi qu’une hausse des taux directeurs d’un demi-point de pourcentage « était sur la table » pour la prochaine réunion monétaire de début mai.

« Mauvaise journée aujourd’hui ! », a résumé Peter Cardillo de Spartan Capital. « De toute évidence, les marchés appréhendent que les taux grimpent encore après ce qu’a dit Jerome Powell : la descente s’est amorcée jeudi et a accéléré vendredi », soulignait l’analyste.

Vendredi signait la quatrième semaine négative de suite pour l’indice des valeurs vedettes et la troisième d’affilée pour le NASDAQ et le S&P 500. Les trente valeurs du Dow Jones étaient toutes dans le rouge.

Art Hogan de National Securities discernait « une forte anxiété quant à l’agressivité de la Fed ». « Le marché est effrayé par la rapidité avec laquelle le rendement obligataire à 10 ans a augmenté », ajoutait M. Hogan.

Les taux sur les bons du Trésor à 10 ans se maintenaient à 2,89 %, après avoir frôlé la barre des 3 % dans la nuit (2,96 %).

Jamie Cox, de Harris Financial Group, allait plus loin : « les marchés ont un gros sentiment de malaise face à la probabilité croissante d’une erreur de politique de la part de la Réserve fédérale ».

Folie

« Lorsqu’un responsable de la Fed suggère une hausse de 50 points de base, les marchés commencent immédiatement à essayer d’anticiper des hausses de 75 points de base », traduisait l’analyste. « C’est vraiment de la folie. La plupart des investisseurs feraient bien d’ignorer ces anticipations […] en attendant de voir ce qui se passe réellement avec les taux ».

Certains restaient optimistes pour la semaine suivante alors qu’une salve impressionnante de résultats d’entreprises est au programme avec Microsoft, Apple et Google (Alphabet) notamment.

« Le marché va se focaliser à nouveau sur les résultats et peut-être vont-ils renverser le sentiment négatif provoqué par l’agressivité de la Fed », a suggéré Peter Cardillo.

Les onze secteurs du S&P ont conclu en baisse, avec les matériaux en premier lieu (-3,73 %) suivi des services de santé, de communications et des banques. Le secteur énergétique a lâché plus de 2,40 % dans le sillage d’un repli des prix du brut, plombés par les confinements en Chine liés à la COVID-19.

Les grands noms de la tech, valeur de croissance par excellence qui sont très sensibles aux taux d’intérêt, ont fait grise mine comme Apple (-2,78 %), Facebook (Meta, -2,11 %) ou Google (-4,26 %). Netflix, terriblement malmenée cette semaine après un déclin de ses abonnés, a encore lâché 1,24 % à 215,52 dollars.

American Express a cédé 2,75 % à 180,64 dollars malgré des résultats meilleurs que prévu au premier trimestre 2022, profitant de la hausse des dépenses pour les voyages et les loisirs grâce à la reprise de l’activité dans de nombreux pays.

La marque d’habillement Gap a plongé de presque 18 % à 11,72 dollars alors que ses prévisions de résultats trimestriels ont été abaissées et que la directrice de sa filiale Old Navy a annoncé son départ.

Snap, maison mère du réseau social Snapchat, est monté de 1,16 % à 20,76 dollars. Si les ventes publicitaires du réseau social ont chuté au premier trimestre, à cause de la guerre en Ukraine qui a découragé les dépenses des investisseurs, selon le groupe, le nombre d’usagers du service, très populaire chez les jeunes, a grimpé de 18 % à 332 millions.

Twitter s’est redressé de 3,93 % à 48,93 dollars après une semaine riche en nouveaux épisodes autour des velléités d’Elon Musk de racheter le réseau social. Le patron de Tesla semble déterminé à mettre la main sur le réseau de microblogs tandis que le conseil d’administration de Twitter a adopté une « pilule empoisonnée » pour l’en dissuader.

Rare trajectoire solidement positive, l’action du groupe américain de produits d’hygiène Kimberly-Clark a bondi de 8,13 % à 138,51 dollars après avoir annoncé un bon résultat trimestriel doublé de prévisions en hausse pour les ventes de l’année.

La Bourse de Toronto termine aussi en baisse

La Bourse de Toronto a clôturé en baisse vendredi. Le ton plus dynamique des banques centrales du Canada et des États-Unis a fait chuter les marchés boursiers nord-américains pour une deuxième journée consécutive, soit leur pire baisse en près de deux ans.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a perdu 464,03 points, soit 2,1 %, pour terminer la séance avec 21 186,38 points.

Le marché de Toronto a perdu 4,9 % en deux jours, la plus forte baisse depuis juin 2020.

Le secteur qui comprend les mines, les engrais et les produits forestiers a diminué de 2,6 % en raison d’une baisse des prix des métaux. First Quantum Minerals a perdu 9,1 %.

Le contrat sur l’or a cédé 13,90 $ US à 1934,30 $ US l’once et celui du cuivre a diminué de 12,3 cents à 4,58 $ US la livre.

La technologie a poursuivi sa tendance à la baisse, dégringolant de 2,5 %, les actions de Hut 8 Mining ayant diminué de 4,4 % et Shopify ayant encore perdu 3,2 %.

L’énergie a chuté de 1,9 %, Crescent Point Energy perdant 4,9 % en raison d’une baisse des prix du pétrole brut et du gaz naturel.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 78,73 cents US, en baisse par rapport à celui de 79,81 cents US de la veille.

Avec La Presse Canadienne