(New York) Les discours toujours agressifs des banquiers centraux, notamment celui de la Fed Jerome Powell, ont sévèrement plombé les Bourses mondiales vendredi, tandis que la livre souffrait des données économiques du Royaume-Uni.

Déjà en nette baisse jeudi, Wall Street a accusé une nouvelle semaine de baisse, la quatrième d’affilée pour le Dow Jones. L’indice des valeurs vedette a lâché 2,82 %, le NASDAQ s’est replié de 2,55 % et le S&P 500 a perdu 2,77 %.

En Europe, Francfort a perdu 2,48 %, Milan 2,12 %, Paris 1,99 % et Londres 1,39 %. Sur la semaine, tous ces indices ont terminé légèrement dans le rouge.

Les investisseurs ressassent les propos du président de la banque centrale américaine (Réserve fédérale, Fed), Jerome Powell, qui a affirmé jeudi qu’une hausse des taux de la Fed d’un demi-point de pourcentage serait « sur la table lors de la réunion de mai » de l’institution.

Les opérateurs anticipent désormais, en les redoutant, trois hausses d’une telle ampleur cette année, la Fed se montrant toujours plus résolue à faire redescendre l’inflation aux États-Unis.

De son côté, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a redit vendredi qu’il y avait une « forte probabilité » que les taux soient relevés d’ici à la fin de l’année si l’inflation reste forte. Le programme d’achat net de dettes a « de fortes chances » de se terminer dès le début du troisième trimestre, a-t-elle également souligné.

Ces considérations éclipsent les bons chiffres de la croissance de l’activité économique en zone euro. Elle s’est accélérée en avril dans le secteur privé, au plus haut depuis sept mois, malgré les inquiétudes liées à la guerre en Ukraine et à l’inflation.

« L’économie est très forte, tout comme le marché du travail, mais les deux ne peuvent supporter qu’un resserrement monétaire limité sur une courte période. Nous verrons bientôt si la Fed ne va pas trop loin », a estimé Craig Erlam, d’Oanda.

À l’inverse, la santé économique du Royaume-Uni inquiète avec une baisse de 1,4 % des ventes au détail en mars. Les craintes faisaient plonger la livre de 1,48 % face au dollar, à 1,2837 dollar, un plus bas en un an et demi, vers 18 h 10 GMT.

L’euro s’échangeait à 1,0788 dollar (-0,42 %), à un niveau encore proche de ses plus bas de juin 2020. La faiblesse est notamment causée par la différence de politique monétaire entre la Fed et la BCE.

Sur le marché obligataire, les rendements restaient stables après une nouvelle poussée jeudi, avec les déclarations des banquiers centraux. Les taux obligataires sur les bons du Trésor à dix ans se maintenaient à 2,89 % après avoir frôlé 3 % dans la nuit.

Art Hogan de National Securities discernait « une forte anxiété quant à l’agressivité de la Fed ». « Le marché est effrayé par la rapidité avec laquelle le rendement obligataire à 10 ans a augmenté », a-t-il indiqué.

Kering fait reculer le luxe

L’action Kering a chuté de 4,32 % à Paris, après la publication du chiffre d’affaires du groupe de luxe qui révèle des ventes décevantes pour Gucci, selon les investisseurs.

Tout le secteur du luxe a reculé dans son sillage : LVMH a perdu 2,11 %, Burberry 2,21 %, Moncler 1,88 % et Richemont 2,61 %.  

EssilorLuxottica, qui a aussi publié ses résultats, s’est replié de 2,62 %.

Gap soldé

Les actions du groupe de magasin de vêtements Gap ont chuté de presque 18 %, après que le groupe a abaissé ses prévisions de résultats et changé le dirigeant de sa marque en difficulté Old Navy.

À Londres, le distributeur discount B & M a perdu 5,96 % après l’annonce du départ dans les 12 prochains mois de son patron historique Simon Arora.

À l’inverse, l’action du groupe américain de produits d’hygiène Kimberly-Clark a bondi de 8,13 % après avoir remonté ses prévisions pour les ventes de l’année.

Du côté du pétrole et du bitcoin

Les prix du pétrole ont conclu en baisse, peinant à remonter durablement alors que le confinement de Shanghai ne cesse d’être prolongé, faisant craindre pour la demande chinoise d’or noir.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a reculé de 1,55 % à 106,65 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison le même mois a perdu 1,65 % à 102,07 dollars.

Le bitcoin baissait de 2,88 % à 39 444 dollars.