(New York) Les cours du pétrole se sont de nouveau repliés jeudi, emportés par le déluge de barils promis par les pays membres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), dans un marché en pleine correction.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a reculé de 0,48 %, à 100,58 dollars. En séance, il était descendu en deçà du seuil symbolique des 100 dollars pour la première fois depuis le 17 mars.

À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en mai, a lui cédé 0,20 % à 96,03 dollars.

Depuis jeudi dernier, les États-Unis ont promis de mettre sur le marché au moins 180 millions de barils puisés dans leurs réserves stratégiques, tandis que les autres pays membres de l’AIE se sont, eux, engagés sur 60 millions, soit 240 millions de barils au total.

« Le marché digère tout ça », a commenté Stephen Schork, analyste et auteur du Schork Report. « On est en phase d’ajustement en ce moment. »

Les opérateurs anticipaient aussi un ralentissement de la demande d’or noir en Chine, qui a enregistré mercredi plus de 21 000 nouveaux cas de COVID-19, selon la Commission nationale de santé (NHC) chinoise, un record.

Au diapason des Bourses, le marché du pétrole intégrait également la nouvelle radicalité de la banque centrale américaine (Fed), qui envisage plusieurs hausses de taux d’un demi-point chacune et une réduction de son bilan dès le mois prochain, un scénario jugé totalement improbable en début d’année.

Quant à la guerre en Ukraine et aux sanctions imposées à la Russie, après quasiment un mois et demi de conflit, la « prime » géopolitique qui avait dopé les prix « se réduit », selon Stephen Schork, en partie du fait des annonces des membres de l’EIA.

« Le marché demeure tendu et cet accès de faiblesse pourrait ne pas durer beaucoup plus », prévient Edward Moya, pour qui les plus bas connus en mars pourraient constituer un plancher, avant un rebond.

Le 16 mars, le Brent était descendu jusqu’à 96,93 dollars le baril. La veille, le WTI avait glissé jusqu’à 93,53 dollars.

« Je ne pense pas que nous ayons pris un virage », a abondé Stephen Schork, « parce qu’à long terme, il y a toujours un déséquilibre structurel » entre offre et demande. « On ne traite pas la question de la production. Donc on a une correction, mais elle sera brève. »

Signe que la détente du marché n’est que relative, les contrats du Brent pour les échéances de juillet 2022 à avril 2023 ont tous enregistré une hausse jeudi, en particulier pour les échéances les plus éloignées, signe que les opérateurs anticipent de nouvelles tensions une fois écoulés les barils de l’AIE.