(New York) Les cours du pétrole ont plongé jeudi après l’annonce du président des États-Unis Joe Biden, qui s’est engagé à puiser plus de 180 millions de barils dans les réserves stratégiques américaines pour soulager le marché.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, dont c’était le dernier jour d’utilisation, a lâché 4,88 % pour terminer à 107,91 dollars.

À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI), avec échéance le même mois, a lui chuté de 6,99 %, à 100,28 dollars.

Joe Biden a indiqué, lors d’un discours à la Maison-Blanche, qu’un million de barils seraient injectés quotidiennement au cours des six prochains mois, soit plus de 180 millions de barils, « afin d’augmenter l’approvisionnement […] jusqu’à ce que la production accélère, plus tard cette année ».

Il s’agit de la plus importante ponction dans les réserves stratégiques américaines, dont le niveau était déjà au plus bas depuis près de 20 ans (mai 2022).

« La dernière utilisation des réserves (50 millions de barils annoncés en novembre) n’était pas assez conséquente et a été complètement occultée », a rappelé Matt Smith, analyste du cabinet Kpler. « Donc cette fois, ils ont voulu frapper fort. »

Pour autant, « est-ce vraiment la peine de lâcher un million de barils par jour pour n’obtenir qu’une baisse de 5 dollars (le baril) ? », s’est-il interrogé. « On aurait pu penser qu’une annonce comme celle-là aurait suscité plus de réactions » des cours.

« Si cette utilisation des réserves va certainement aider à détendre le marché à court terme, cela n’apporte pas de solution à long terme », a également tempéré, dans une note, Bart Melek, de TD Securities.

Pour lui, cette initiative pourrait « accroître, à l’avenir, les risques structurels liés aux capacités inutilisées », a-t-il poursuivi.

Selon Matt Smith, ces nouveaux barils issus des réserves stratégiques pourraient arriver sur le marché « d’ici une semaine ou deux ». Pour autant, acheminer de tels volumes en continu « pourrait être délicat » techniquement, prévient-il.

L’annonce de Joe Biden a relégué au second plan la décision des membres de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) et de leurs alliés de l’OPEP+.

À l’issue de leur réunion, les alliés ont décidé de relever leur production quotidienne de 423 000 barils, maintenant le cap défini en juillet dernier, malgré les appels à une augmentation supérieure alors que le baril se maintient au-dessus de 100 dollars.

« C’était déjà intégré par le marché », selon Matt Smith.