(New York) Les marchés occidentaux se sont repliés mercredi, effaçant une petite partie de leur bond de la veille, en scrutant la poursuite des négociations sur la guerre en Ukraine.  

Les indices européens ont subi le contrecoup de la veille : Paris a reculé de 0,74 %, Francfort de 1,45 % et Milan de 0,03 %. Seule la Bourse de Londres a avancé de 0,55 %, grâce au soutien des valeurs pétrolières.

La Bourse de Moscou a enchaîné de son côté une nouvelle séance de forte hausse, l’indice RTS libellé en dollars prenant plus de 7 %.  

Wall Street a terminé en perte, plombée par le secteur de la technologie : le Dow Jones a lâché 0,19 %, le S&P 500 0,63 % et le NASDAQ a chuté de 1,21 %.  

« La tournure des évènements géopolitiques pèse sur l’appétit au risque alors que les États-Unis et leurs alliés sont sceptiques quant à l’engagement de la Russie de réduire l’activité militaire près de Kyiv, comme indiqué lors de la dernière série de pourparlers », relevaient les analystes de Wells Fargo.

Les pourparlers entre des délégations russe et ukrainienne à Istanbul, mardi, n’ont donné lieu à rien de « très prometteur », ni à aucune « percée », a déclaré mercredi le Kremlin, tranchant avec les propos beaucoup plus positifs des responsables russes ayant pris part aux négociations.

Les conséquences de la guerre en Ukraine sur les économies occidentales commencent aussi à se mesurer : l’influent groupe d’économistes qui conseille le gouvernement allemand a sabré mercredi sa prévision de croissance 2022, de 4,6 % à 1,8 %. L’inflation a atteint 7,3 % en Allemagne en mars sur un an, et près de 10 % en Espagne.  

Sur le marché obligataire, les taux européens se tendaient encore, le taux d’intérêt du Bund allemand à 10 ans tournant autour de 0,64 %. Mais les rendements américains se détendaient même si les taux sur les bons à deux ans restent très proches de ceux des bons à 10 ans, à respectivement 2,31 % et 2,34 %, un signe à surveiller car un dérapage peut être un signe précurseur de récession.  

La guerre a eu un impact économique marqué par ce que « les économistes appellent un “choc d’offre” qui […] accentue l’inflation et réduit la croissance simultanément », a prévenu Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), lors d’un colloque à Chypre.

Les banques centrales occidentales sont confrontées à une forte inflation et toutes ont commencé à réduire leur soutien monétaire au marché, particulièrement aux États-Unis.  

Le rapport ADP sur les créations d’emplois privés a dressé le portrait d’un marché du travail encore tendu, propice à la poursuite du serrage de vis de la Fed. Les entreprises du secteur privé aux États-Unis ont créé 455 000 emplois en mars, notamment dans les services.

Bénéfice net exceptionnel pour BioNtech

Le laboratoire pharmaceutique allemand BioNTech, à l’origine du premier vaccin à ARN messager contre la COVID-19 avec Pfizer, a vu son bénéfice net exploser en 2021 à 10 milliards d’euros, après 15 millions l’année précédente, celle du premier bénéfice de son histoire. Le titre, coté aux États-Unis, qui s’est envolé en séance de plus de 5 %, a finalement terminé en hausse de 1,39 %.

Les gagnants de mardi reculent 

Les secteurs ayant le plus profité de l’annonce de l’avancée des négociations mardi étaient mercredi en queue de peloton. C’était le cas pour l’automobile (Renault -3,85 %, BMW -2,87 %), l’industrie (HeidelbergCement -4,26 %) ou encore les banques (Santander -3,26 %, Deutsche Bank -2,79 %).  

À l’inverse, la défense (Thalès +1,96 %) ou les valeurs pétrolières (Shell +4,48 %, Glencore +4,18 % à Londres) étaient recherchées après avoir chuté la veille.

Le pétrole reprend du galon, l’euro se renforce

La méfiance sur les intentions réelles de Moscou faisait repartir à la hausse les prix du pétrole.

Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mai, a clôturé sur un gain de 2,92 % à 113,45 dollars, après avoir frôlé les 115 dollars plus tôt dans la journée (114,80).

À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance également en mai, a pris 3,43 % pour finir à 107,82 dollars.

L’euro maintenait sa hausse (+0,64 %) face au billet vert à 1,1157 dollar, vers 20 h 30 GMT (16 h 30 HAE), à un niveau plus vu depuis le 1er mars.

Le bitcoin reculait de 0,89 % à 47 063 dollars.