(New York) Les prix du pétrole ont perdu plus de 6 % lundi, alors que des confinements en Chine, notamment à Shanghai, capitale économique du pays, font craindre pour la demande d’or noir, ce qui pourrait justifier la poursuite de la stratégie d’ouverture modeste des vannes de l’OPEP.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a clôturé lundi en chute de 6,77 % à 112,48 dollars, plombé par la crainte que les confinements en Chine ne déprime la demande d’or noir.

À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour le contrat à échéance en mai, a perdu 6,97 % à 105,96 dollars.

Shanghai, la capitale économique chinoise, qui compte 25 millions d’habitants, affronte sa pire flambée de COVID-19 depuis deux ans.

La ville a choisi d’imposer un confinement en deux temps : les Shanghaïens habitant dans l’est de la ville sont confinés jusqu’au 1er avril à 5 h du matin à leur domicile, avec interdiction d’en sortir. À cette date, ce sera au tour de la partie ouest.

« Même si ces confinements ne sont prévus que pour quatre jours, ils sont très larges et il y a une grande inquiétude que ces mesures s’étendent et pèsent sur la demande de pétrole », a indiqué à l’AFP Andy Lipow de Lipow Oil Associates.

La demande chinoise de pétrole est d’environ 15 millions de barils par jour, a indiqué l’analyste précisant que les deux principaux fournisseurs de pétrole importé pour Pékin étaient l’Arabie saoudite et la Russie.

« L’ampleur de la baisse des cours reflète les craintes que ces confinements en Chine ne se propagent, ce qui aurait un impact significatif sur la demande à un moment où le marché pétrolier tente de trouver des alternatives à l’approvisionnement en pétrole russe », a encore affirmé l’analyste de Lipow Oil Associates.

« La nouvelle du verrouillage du centre financier de Shanghai a secoué les marchés avec des perspectives de nouveaux ralentissements économiques et des problèmes de chaîne d’approvisionnement », a aussi estimé Walid Koudmani, analyste chez XBT.

« La politique chinoise stricte du zéro COVID-19 entraînera des confinements répétés dans les principaux centres d’affaires, ce qui risque de ne pas de laisser indemne la demande de pétrole en Chine », poursuit Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank.

« La demande chinoise de pétrole devrait être inférieure de 0,8 million de barils par jour en avril par rapport à la normale, en raison des confinements en cours qui pourraient toucher plus de 200 millions de personnes », a estimé pour sa part Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb.

L’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses alliés (OPEP+), qui se réunissent jeudi, « accordera une attention particulière à la situation de la COVID-19 en Chine », affirme Victoria Scholar, analyste chez Interactive investor.

« De nouveaux confinements pourraient être utilisés pour justifier la stratégie d’augmentation lente et régulière de l’offre du cartel sur le marché, malgré les appels à une accélération », ajoute-t-elle.

Les membres de l’OPEP+ refusent pour l’instant d’augmenter significativement leur production pour soulager le marché, se tenant au relèvement graduel de 400 000 barils par jour chaque mois.