(Londres) La Banque d’Angleterre (BoE) estime jeudi que la régulation des cryptomonnaies doit être accrue pour que la croissance récente du secteur ne se transforme pas en risque systémique.

« Les risques directs à la stabilité du système financier britannique créés par les cryptoactifs et la finance décentralisée (DeFi) sont pour l’instant limités », reconnaît la banque centrale dans son rapport de stabilité financière.

« Mais si la croissance (du secteur) des dernières années se maintient et que ces actifs se connectent plus au reste du système financier, ils représenteraient un risque », prévient-elle.

« La valeur potentielle des cryptoactifs a été multipliée par dix entre début 2020 et novembre 2021, pour atteindre 2900 milliards de dollars à son plus haut », estime l’institution.

Elle juge cependant qu’avec un recul à 1700 milliards de dollars début mars, le secteur représente seulement 0,4 % des actifs financiers mondiaux.

« En septembre 2021, 13 % des fonds spéculatifs (hedge funds) américains et 23 % des fonds spéculatifs européens possédaient des cryptoactifs », même s’il s’agit probablement d’investissements sur des montants peu élevés, précise la BoE en se basant sur des données publiées par le fonds Fidelity.

La BoE précise que ce risque systémique est à séparer des dangers pour les investisseurs particuliers, qui concerne plus le gendarme des marchés britanniques (FCA), mais la banque centrale semble prête à prendre au moins une partie du rôle de régulateur.

« Le comité de politique financière (FPC) estime que là où les technologies crypto ont une fonction similaire à celle d’un acteur de la finance traditionnelle, elles devraient agir dans le cadre des régulations qui existent actuellement, et le périmètre régulatoire devrait être adapté », détaille la BoE.

En clair, si une entreprise émet un stablecoin, c’est-à-dire une cryptomonnaie adossée à une devise, elle devrait être régulée comme une banque au Royaume-Uni, et rendre des comptes à la BoE.

« Toute décision sur une adaptation du périmètre et le cadre des régulateurs doit être prise par le gouvernement », précise la BoE.

Ce message de la BoE intervient alors que les grandes banques centrales prennent à bras-le-corps le sujet des cryptoactifs, craignant entre autre leur utilisation par la Russie pour éviter une partie des sanctions occidentales.

La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a alerté mardi sur la « menace » que représentent les cryptomonnaies obtenues en échange de roubles pour tenter de contourner les sanctions.

Parmi toutes les catégories d’actifs numériques, « les cryptoactifs me préoccupent le plus dans le contexte russe », a-t-elle déclaré.  

Si l’accent est mis sur les cryptoactifs, la Banque d’Angleterre a par ailleurs affirmé que les banques britanniques étaient assez solides pour supporter le choc financier créé par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

En revanche, le « stress test » 2022 de ces établissements bancaires, dont le début était attendu lors de la publication du rapport du FPC, a été retardé.