(New York) Les indices boursiers mondiaux se sont montrés prudents lundi, entre poursuite du conflit en Ukraine et remontée des tensions au Moyen-Orient tandis que Wall Street a réagi à une Fed plus agressive.

En Europe en particulier, les indices ont clôturé dans différentes directions, après s’être longtemps montrés hésitants, autour de l’équilibre. Paris a finalement perdu 0,57 % et Francfort 0,60 %, alors que Londres a au contraire progressé de 0,51 % et Milan de 0,30 %.

« Face à la situation géopolitique et notamment aux négociations en cours entre la Russie et l’Ukraine, les investisseurs se sont montrés très prudents et attentistes », a commenté Konstantin Oldenburger, analyste pour CMC Market.

Les combats restent intenses en Ukraine, tant autour de la capitale Kyiv, que l’armée russe tente d’encercler, qu’à Marioupol, dans le sud-est, où l’armée ukrainienne refuse de déposer les armes.

Le président Zelensky s’est cependant dit « prêt à des négociations » avec son homologue russe.

Wall Street a pour sa part conclu en perte à la suite de propos de Jerome Powell, le président de la Fed, se montrant plus agressif dans la détermination de la banque centrale à dompter l’inflation.

Le Dow Jones a reculé de 0,58 %, le NASDAQ a fléchi de 0,40 % et l’indice élargi S&P 500 a stagné (-0,04 %).

 Jerome Powell a estimé lundi que l’institution pourrait relever ses taux « plus agressivement » si cela s’avérait nécessaire, alors que les prix ne cessent de grimper aux États-Unis. Il a « laissé la porte ouverte à une augmentation des taux d’un demi-point de base (0,50 %) lors de l’une des prochaines réunions du comité monétaire », a averti John Higgins, économiste à Capital Economics.  

Un peu plus tôt dans la journée, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a affirmé que l’activité économique de la zone euro ne montrait pas à ce jour de signaux de « stagnation ».

« Les positions des banques centrales restent encore perçues comme des vents contraires », a estimé Alexandre Baradez, analyste chez IG France, « même si plusieurs hausses sont prévues, cela peut être totalement revu et les marchés s’en rendent compte ».

Les cours du baril de pétrole ont continué leur course en avant.  

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a clôturé en forte hausse de 7,12 % à 115,62 dollars, son plus haut niveau depuis dix jours.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI), variété américaine de référence, pour livraison en avril, a lui terminé en progression de 7,08 %, à 112,12 dollars, au-dessus de 110 dollars pour la première fois depuis presque deux semaines.

Eni (+2,88 %), TotalEnergies (+0,59 %), BP (+4,05 %) ou encore Occidental Petroleum (+8,39 %) en profitaient.  

Les deux types de pétrole étaient passés sous les 100 dollars au cours de la semaine passée. Mais, outre la guerre en Ukraine, l’Arabie saoudite a annoncé dimanche une « réduction temporaire » de sa production de pétrole dans l’une des installations du géant Aramco, touchée par une attaque des rebelles houthis du Yémen voisin.

Les taux obligataires continuent leur remontée, les obligations américaines à échéance deux ans dépassant les 2 % pour la première fois depuis mai 2019, à 2,09 % (+14 points de base), alors que les rendements des obligations à échéance dix ans sont désormais à 2,29 %, en hausse de 14 points de base.

Les minières à la fête

Le groupe minier Antofagasta grimpait de 6,30 % après avoir annoncé son retrait d’un projet d’exploitation du vaste gisement d’or et de cuivre de Reko Diq, situé dans la province pakistanaise du Baloutchistan, suspendu depuis 2011 en raison d’un différend sur la légalité de l’attribution de la licence.

À Paris, ArcelorMittal (+2,75 %), Eramet (+6,36 %) ou encore Aperam (+2,30 %) profitaient des nouvelles tensions sur les matières premières, notamment sur le marché de l’aluminium. À Londres, c’était aussi le cas pour Polymetal (+6,28 %), très touchée par les conséquences de la guerre en Ukraine, ou Anglo American (+3,85 %).

Les céréales de nouveau en hausse

Lundi sur Euronext, le blé et le maïs étaient en hausse, sans pour autant retrouver les niveaux records atteints au début du mois.

Les cours du colza continuaient à voler de record en record à 976,50 euros la tonne vers 17 h 30 heure de Paris (+38,75 euros) sur fond de manque de disponibilités et dans le sillage du pétrole.

L’Ukraine assure d’ordinaire la moitié du commerce mondial d’huile de tournesol, aggravant les tensions sur le marché des oléagineux.

Du côté des devises

L’euro reculait de 0,33 % à 1,1015 dollar vers 17 h.  

Le bitcoin perdait de son côté 0,22 % à 41 218 dollars.