(New York) Les bourses occidentales ont sensiblement reculé jeudi, sous l’effet d’un durcissement de la Banque centrale européenne (BCE) et de la séance cauchemardesque des valeurs technologiques à Wall Street, plombées par Meta (Facebook).

En Europe, les marchés actions ont été pénalisés : Paris a perdu 1,54 %, Francfort 1,57 %, Milan 1,09 % et Londres 0,71 %.

À New York, l’indice NASDAQ, très influencé par le secteur technologique, a clôturé en repli de 3,74 %. Le Dow Jones a lui perdu 1,45 %, et l’indice élargi S&P 500, 2,44 %.

Les marchés européens ont souffert de l’inflexion du discours de la BCE, qui n’écarte plus, désormais, une hausse de son principal taux directeur dès cette année, hypothèse qui était systématiquement rejetée jusqu’ici au fil des réunions.

La réaction a été beaucoup plus brutale encore sur le marché obligataire européen.

Le taux allemand à 10 ans, qui fait référence en Europe, est passé à 0,14 %, contre 0,04 % la veille, au plus haut depuis mars 2019. Le rendement allemand à 2 ans s’est inscrit à un sommet de plus de 6 ans.

Le taux italien à dix ans s’est envolé de 21 points de base, passant à 1,64 % contre 1,42 % à la clôture la veille. Le taux américain a été aussi entraîné (1,83 % contre 1,76 % la veille).

« La question est maintenant de savoir jusqu’où les attentes (de relèvement de taux) iront, car il pourrait y avoir beaucoup de retard à rattraper », s’interroge Craig Erlam, analyste d’Oanda.

Les espoirs de la BCE de voir baisser progressivement l’inflation à partir de janvier ont été déçus, avec l’annonce mercredi d’une poussée de 5,1 % en zone euro.

Après le relèvement, comme attendu, des taux directeurs de la Banque d’Angleterre de 0,25 point, à 0,5 % jeudi, l’emprunt du Royaume-Uni à 10 ans est lui aussi monté, à 1,37 %, contre 1,26 % la veille.

Meta s’effondre, toute la tech en souffrance

Meta, la maison mère de Facebook et Instagram, qui veut se réinventer avec le métavers, a vu son bénéfice net baisser au quatrième trimestre et le nombre d’utilisateurs de ses plateformes stagner en fin d’année, un constat sans précédent. L’entreprise s’est effondrée de 26,39 % à New York, soit une fonte de plus de 200 milliards de dollars de capitalisation.

Dernier des Gafa à présenter ses résultats, jeudi après la clôture des marchés américains, l’action d’Amazon a aussi fait les frais de la nervosité des investisseurs (-7,81 % à 2776,91 dollars).

Outre la maison mère de Facebook, Snap (-23,57 %), et d’autres vedettes du secteur technologique comme Block (ex-Square, -11,00 %), Pinterest (-10,32 %) ou DoorDash (-11,40 %), ont tous lâché plus de 10 %.

Ces entreprises sont de plus pénalisées par une hausse des taux obligataires, car elles ont besoin de taux bas pour financer leurs croissances.

BT sanctionné

L’opérateur de télécoms britannique BT a dévissé de 5,14 %, après avoir publié des résultats trimestriels toujours freinés par l’impact de la pandémie. Il a annoncé être en négociation avec Discovery, propriétaire d’Eurosport, pour grouper leurs offres de télévision sportive.

A contrario, les opérateurs ont salué les résultats trimestriels du géant britannique de la restauration collective Compass (+4,45 %).

Nette hausse de l’euro

L’euro grimpait de 1,21 % à 1,1442 dollar, une variation très inhabituelle pour le marché des changes, après les déclarations de la BCE.

Les prix du pétrole sont repartis à la hausse, au lendemain de l’annonce sans surprise de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés (OPEP+) d’une nouvelle ouverture modeste des vannes.

Le cours du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a pris 1,83 % à 91,11 dollars.

À New York, celui de WTI pour livraison en mars a gagné 2,27 % à 90,27 dollars, franchissant pour la première fois depuis l’hiver 2014 la barre des 90 dollars le baril.

Le bitcoin gagnait 0,31 % à 36 960 dollars.