Tonus, vigueur, pep, vitalité. Les mots ne manquent pas pour faire un clin d’œil à l’impressionnant début de Guru sur le marché boursier.

L’action de l’entreprise montréalaise de boissons énergisantes s’est appréciée de 57 % lundi à sa toute première séance à la Bourse de Toronto. Le titre a rapidement grimpé à 9,99 $ en matinée avant de clôturer à 8,55 $, alors que son prix initial avait précédemment été fixé à 5,45 $.

« Les investisseurs réalisent tout le potentiel de croissance de l’entreprise, lance le PDG de Guru, Carl Goyette. Le volume de transactions de la journée est aussi intéressant pour un titre de petite capitalisation. Ça démontre l’intérêt de beaucoup d’investisseurs. »

La poussée du titre porte la capitalisation boursière de Guru à environ un quart de milliard, même si son chiffre d’affaires n’est que d’une vingtaine de millions et est essentiellement généré au Québec à 70 % pour l’instant.

L’objectif sur cinq ans est ambitieux. Guru veut inonder l’Amérique du Nord avec ses canettes et faire exploser son chiffre d’affaires à 140 millions d’ici 2025.

« Le pop de départ reflète bien la forte demande pour le titre que nous avions perçue lors de l’appel à l’épargne », commente le gestionnaire de portefeuille Martin Lalonde, de la firme Rivemont.

« Je suis très heureux de voir des compagnies québécoises comme Guru profiter du capital et de la liquidité actuelle pour accélérer leur croissance, alors que dans les dernières années, c’est plutôt l’inverse qui s’est produit. Plusieurs entreprises québécoises ont quitté les marchés publics pour redevenir privées ou tout simplement continuer à lever du capital en restant privées », précise-t-il.

« C’est en fait un phénomène à la grandeur de l’Amérique du Nord alors qu’il y a de moins en moins d’entreprises qui choisissent les marchés boursiers pour lever du capital ou elles attendent plus tard dans le cycle pour le faire. »

L’inscription en Bourse n’était qu’une étape à franchir parmi plusieurs autres pour Guru.

« Ça nous permet d’être beaucoup plus agressif pour poursuivre l’opportunité que nous avons dans le marché au Canada », dit Carl Goyette.

Avec 34,5 millions de plus dans ses coffres à la suite du financement bouclé conjointement avec l’opération permettant d’accéder au marché boursier, Guru doit maintenant relever un défi d’exécution. L’argent récolté par Guru doit essentiellement servir à favoriser la croissance de ses activités.

Les millions seront utilisés pour étendre la présence de Guru en Ontario, dans l’Est et dans l’Ouest canadien, mais aussi aux États-Unis. Les boissons Guru sont aujourd’hui offertes dans 15 000 points de vente.

Les partenariats avec les grandes enseignes sont importants. Guru a par exemple multiplié ses ventes par huit dans les dépanneurs de la chaîne Couche-Tard au cours des six dernières années.

« On a une stratégie qui a été éprouvée au Québec et en Californie. Il faut maintenant la déployer à travers le Canada et les États-Unis. Et ça, c’est beaucoup de travail », dit Carl Goyette.

« Il faut embaucher beaucoup de monde [ventes et marketing] et mettre la main à la pâte. C’est ça, la nouvelle ère de Guru. On ne contrôle pas ce qui se passe en Bourse, mais bien l’exécution de notre stratégie, et nous savons qu’elle fonctionne. Il est là, le défi. »

Guru affronte la concurrence (Red Bull, Monster, Rockstar, etc.) en offrant une solution plus saine avec des produits naturels et bios à base de plantes pour lesquels elle soutient que la demande est croissante.

Les ventes de Guru sont en forte hausse avec un taux de croissance annuelle composé de 28 % depuis trois ans. Les marges de profit de 65 % sont plutôt impressionnantes.

Dans ses présentations, Guru précise que la taille du marché américain de la boisson énergisante est évaluée à 15 milliards US et que sa taille pourrait frôler les 20 milliards US d’ici quatre ans.

L’analyste Martin Landry, de la firme Stifel/GMP, dit apprécier les perspectives de croissance et lance sa couverture de Guru en recommandant l’achat du titre avec une cible de 10 $ sur un horizon de 12 mois.

Guru bénéficie d’une perception favorable de la part des détaillants canadiens, dit-il, ce qui pourrait aider l’entreprise à obtenir de l’espace additionnel sur les tablettes. Le risque auquel fait face Guru, selon lui, est que son message ou le positionnement de la marque ne résonne pas auprès des Canadiens et des Américains.

« De plus, le déploiement à l’extérieur du Québec pourrait prendre plus de temps que prévu, ce qui pourrait décevoir les actionnaires. » Il croit aussi que les concurrents pourraient réagir si Guru gagne en popularité, ce qui pourrait compliquer l’exécution de la stratégie.

Les trois principaux actionnaires de Guru (Carl Goyette, Eric Graveline et Joe Zakher) détiennent 65 % des actions. Leur participation a été diluée dans le processus d’inscription en Bourse, mais ils n’ont pas vendu d’actions dans l’opération.

Au lieu de réaliser un premier appel à l’épargne traditionnel pour se lancer en Bourse, Guru a conclu une entente avec une société de capital de démarrage déjà inscrite à la Bourse. Cette transaction s’apparente à une prise de contrôle inversée semblable à l’opération réalisée par Marché Goodfood lors de son entrée sur le marché boursier il y a trois ans.