L’économiste de renom Clément Gignac se range résolument dans le camp des optimistes à l’égard du prix de l’or. Il voit l’once continuer de s’apprécier pour atteindre 3000 $ US l’once d’ici deux ans.

L’or se vend actuellement 1960 $ US l’once, en hausse de 29 % depuis le 1er janvier. En devise canadienne, il faut allonger 2621 $ pour se procurer une once.

Dans notre numéro de mardi, Pierre Lassonde, une légende du monde aurifère, voyait l’once à plus de 2750 $ US d’ici deux à trois ans. Mais le cofondateur de la société de redevances aurifères Franco-Nevada prêche pour sa paroisse.

> Relisez la chronique de Stéphanie Grammond

Une critique que l’on ne peut pas adresser au vice-président principal et économiste en chef d’iA Groupe financier, un groupe financier intégré qui, a priori, ne profite pas directement de la popularité de l’or.

Clément Gignac, ancien ministre québécois du Développement économique, a énuméré sur son compte LinkedIn les raisons de son optimisme à l’égard du métal précieux.

« L’or atteint un niveau record. Pourquoi ? Plusieurs raisons : 1) L’explosion actuelle du bilan des banques centrales pour financer les déficits budgétaires fait craindre (à tort ou à raison) une résurgence de l’inflation au cours des prochaines années. 2) Le billet vert américain commence à être sous pression avec la difficulté actuelle du pays de l’Oncle Sam de lutter efficacement contre la COVID-19. Qui plus est, l’issue des prochaines élections présidentielles laisse présager un environnement fiscal et réglementaire plus hostile pour Wall Street. 3) Enfin, l’escalade des tensions géopolitiques Chine-US alimente également l’attrait de l’or comme valeur refuge. »

Pour l’économiste, l’or a sa place dans un portefeuille diversifié en raison de sa faible corrélation avec les actions et les obligations. Ça veut dire que l’or ne réagit pas dans le même sens ni avec la même ampleur à une variation des marchés boursiers. Le placement demeure toutefois spéculatif, indique-t-il.

Il fixe un cours cible de 3000 $ d’ici deux ans, ce qui représente une hausse de 50 % par rapport au cours actuel. Il rappelle qu’en termes réels l’once d’or n’a rejoint ni le niveau de 2011 ni celui de 1980.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Clément Gignac

Il faut garder la tête froide, car l’or peut être très volatil et… ne rapporte aucun dividende ou intérêt aux détenteurs ! À l’instar des fonds diversifiés iA, cet actif ne doit pas représenter une portion indue dans vos portefeuilles, mais offre tout de même des caractéristiques attrayantes de diversification et de gestion des risques.

Clément Gignac

Les gouvernements vont tolérer une certaine accélération de l’inflation, croit-il

Dans un entretien avec La Presse, M. Gignac dit miser sur un scénario où les taux d’intérêt resteront bas au cours des trois à cinq prochaines années, malgré une certaine accélération de l’inflation au-delà de 2 % par année, le taux cible d’inflation actuel des banques centrales.

« Historiquement, l’or fait bien en période d’inflation », souligne M. Gignac

« J’ai déjà été ministre, dit-il. Quand les gouvernements sont endettés, ils cherchent des revenus. L’inflation est la taxe la plus facile pour un gouvernement, car c’est une taxe déguisée qui ne paraît pas. »

L’inflation est une taxe sur le pouvoir d’achat des gens, qui en ont moins pour leur argent.

Pour le gouvernement, l’inflation lui permet d’engranger plus de revenus de taxation, surtout si les tables d’impôt et les crédits ne sont pas indexés. De plus, l’ampleur de la dette publique, mesurée en comparaison avec la taille de son économie, décroît plus rapidement dans un tel contexte.

Ce n’est pas la première fois que l’économiste, un habitué des plateaux de télévision, se mouille quant à l’évolution des prix des catégories d’actif.

En novembre 2001, il avait annoncé dans les pages du journal Les Affaires que l’immobilier résidentiel allait battre la Bourse dans les cinq à sept prochaines années en raison de la détente monétaire qui avait suivi la tragédie du 11-Septembre et de la cherté des actions à l’époque.

Vérification faite : de 2001 à 2010, le prix médian des maisons au Québec est passé de 110 000 $ à près de 225 000 $, selon la firme JLR. Au cours de la période, le TSX est passé de 6900 à 9330 points. Le S&P 500, pour sa part, a reculé, passant de 1085 à 908 points.