Un nouvel épisode de résultats trimestriels et de mises à jour des perspectives d'affaires des entreprises s'amorce cette semaine aux États-Unis.

Et cet épisode s'amène sous haute surveillance dans la foulée du meilleur premier trimestre en Bourse américaine depuis deux décennies, en dépit des doutes grandissants sur la conjoncture économique mondiale et de la correction subie en fin d'année 2018.

« Les marchés boursiers qui ont le plus rebondi au premier trimestre, en Amérique du Nord surtout, sont aussi devenus plus dépendants de la continuité de "bonnes nouvelles" concernant l'économie et les résultats des entreprises. Par conséquent, comme gestionnaire de placements, je suis en mode "show me the money" avant de réévaluer ma répartition en actions américaines », a commenté Vincent Delisle, cochef des placements à la firme montréalaise Hexavest, qui gère 13 milliards d'actifs financiers, lors d'un récent entretien avec La Presse.

Les grandes banques américaines, comme JPMorgan Chase et Wells Fargo, seront les premières en scène cette semaine avec leurs résultats.

Elles sont attendues avec des bénéfices en baisse annualisée - une rareté chez les banques en période de croissance économique - qui serait une conséquence de la mise en pause prolongée des taux d'intérêt par la Réserve fédérale américaine (Fed).

« Les banques américaines sont sous pression du point de vue des investisseurs, à en juger par l'impact négatif sur leurs actions en Bourse, du gel des taux d'intérêt et de l'aplatissement de la courbe de rendement dans le marché obligataire [yield curve dans le jargon financier], signalent les économistes chez BMO Marchés des capitaux (Banque de Montréal), dans leur plus récent bulletin trimestriel.

« Le secteur bancaire en Bourse américaine a gagné 8 % au premier trimestre, mais c'était un rebond nettement inférieur au marché (+ 13 %). Ce rendement trimestriel des actions bancaires a aussi été amputé de 5 % durant le seul mois de mars, après le changement de cap de la Fed. »

Une baisse moyenne de 4 %

Quant aux attentes de résultats du premier trimestre pour l'ensemble de la Bourse américaine, elles s'affichent en baisse moyenne de 4 % sur une base annualisée parmi les analystes et gestionnaires de placement.

Or, signale David Rosenberg, économiste en chef et stratège des marchés chez la firme torontoise Gluskin Sheff, c'est la première fois en 20 ans que ce repli attendu des bénéfices trimestriels est autant « déconnecté » du gain de 14 % de l'indice S&P 500 durant le même trimestre.

« Habituellement, le S&P 500 recule de 1 % environ durant le trimestre concerné par un repli généralisé du bénéfice par action des entreprises. » - David Rosenberg, dans une note à ses clients-investisseurs

En d'autres termes, le regain d'optimisme sur la Bourse américaine apparaît de plus en plus téméraire par rapport à l'évolution de la conjoncture économique.

« Le facteur clé pour la Bourse au cours des prochains mois devrait être la situation de la croissance mondiale. Avec la saison des bénéfices du premier trimestre 2019 qui approche à grands pas, nous devrions bientôt avoir plus de clarté », notent les analystes de Banque Nationale Investissements, dirigés par Martin Lefebvre, dans leur plus récent bulletin mensuel de « Stratégie de répartition de l'actif ».

Pour le moment, notent-ils, « les marges bénéficiaires semblent vouées à diminuer en raison de la hausse des prix des intrants, en particulier des salaires et des coûts des matières premières. C'est particulièrement vrai aux États-Unis, où les actions ont bénéficié d'une hausse quasi ininterrompue des marges au cours de la dernière décennie ».

En contrepartie, signalent M. Lefebvre et ses adjoints, « nous avons noté un renversement de l'ampleur des révisions des bénéfices des actions mondiales et des indicateurs économiques composites de l'OCDE(1), ce qui suggère que nous avons peut-être franchi le creux du récent ralentissement économique mondial ».

(1) OCDE est le sigle de l'Organisation de coopération et de développement économiques, qui regroupe les 36 principales économies de marché sous gouvernement démocratique.

LUNDI

Le point sur la construction résidentielle 

L'état du marché immobilier résidentiel pèse lourd dans la conjoncture au Canada, compte tenu de la part considérable de leur budget que les Canadiens consacrent à l'achat, à l'usage et au maintien de leur propriété résidentielle. Or, depuis quelques mois, les principales mesures de ce secteur - mises en chantier, permis de bâtir, volume et valeur des reventes - se sont affaiblies au point d'inciter une baisse généralisée des prévisions de croissance de l'économie. « Les mesures restrictives sur le crédit hypothécaire ainsi que la remontée des taux d'intérêt sont sans aucun doute à l'origine du ralentissement. Tout porte à croire que ces effets restrictifs continueront à se faire sentir dans les trimestres à venir », écrivent les économistes du Mouvement Desjardins.

MARDI

Cogeco en mise à jour

L'entreprise québécoise de télécommunications et de télédistribution, aussi présente en Ontario et dans le Nord-Est américain, fait le point sur les résultats du deuxième trimestre de son exercice 2019. Les investisseurs suivront surtout la mise à jour des priorités de Cogeco, après la vente pour 720 millions de sa filiale Cogeco Peer 1 en télécommunications d'entreprise. Cette vente annoncée en février serait conclue à la fin d'avril, et donc comptabilisée au troisième trimestre de l'exercice.