Le constructeur de véhicules électriques Tesla a dégringolé de près de 10 % jeudi à l'ouverture de Wall Street au lendemain de chiffres jugés très décevants sur les livraisons de voitures au premier trimestre, ravivant les inquiétudes sur le groupe dirigé par Elon Musk.

Après avoir démarré la séance sur un plongeon de 9,75 %, le groupe limitait toutefois légèrement sa chute vers 9h50, perdant 8,65 % à 266,58 dollars.  

Le constructeur automobile a au total livré 63 000 véhicules à ses clients au cours des trois premiers mois de l'année. C'est 31 % de moins qu'au trimestre précédent et moins que les 76 000 unités attendues en moyenne par les analystes interrogés par le cabinet FactSet.

Pour le seul Model 3, la voiture censée transformer Tesla en producteur de masse, le groupe n'a livré que 50 900 unités, contre 54 600 anticipées. Tesla mise pourtant beaucoup sur cette voiture, plus compacte et moins onéreuse que les Model S et Model X de la marque.

« C'est bien pire qu'anticipé » ont réagi les analystes de JPMorgan Chase revoyant à la baisse leur perspective sur le cours de l'action, de 215 à 200 dollars.

Le premier trimestre de Tesla « suggère significativement moins de revenus, moins de marges et moins de trésorerie », ont-ils ajouté.

Tesla a mis en avant l'augmentation importante des délais de livraison, conséquence des commandes importantes en provenance d'Europe et de Chine. « Nous n'avions livré au 21 mars que la moitié des volumes du trimestre », a justifié le groupe en affirmant qu'environ 10 600 voitures sont actuellement en transit.

Le groupe, dont la situation financière est fragile, assure par ailleurs avoir terminé le trimestre « avec suffisamment de liquidités à disposition ».

« Les inquiétudes relatives à une demande potentiellement ralentie vont certainement continuer à agiter les investisseurs », a cependant noté David Evanson de Canaccord Genuity.

Sur l'ensemble de l'année, Tesla prévoit toujours de livrer, comme il l'avait déjà annoncé, 360 000 à 400 000 véhicules. Ce niveau entre toutefois en contradiction avec un tweet de son PDG, Elon Musk, qui avait affirmé en février que la société allait produire 500 000 voitures en 2019.

« L'incongruité désormais manifeste entre les anticipations du PDG et les données officielles de l'entreprise pourraient heurter la perception des investisseurs lors des futures prises de paroles managériales, et éroder un peu plus la confiance sur le titre en Bourse », a affirmé JPMorgan Chase.

Le compte Twitter d'Elon Musk vaut justement à ce PDG d'être jugé jeudi à New York pour outrage à autorité, accusé d'avoir multiplié des messages dont le contenu était susceptible de tromper les investisseurs et d'influencer le cours de l'action Tesla.