Deux baisses de prévisions de bénéfices consécutives en moins d'un mois par la haute direction de l'entreprise.

Ces annonces sont motivées par des aveux de problèmes croissants dans ses activités minières en Amérique latine et la continuité de ses affaires en Arabie saoudite, en brouille avec le Canada.

Pendant ce temps, la menace d'un procès au Canada pour des accusations de fraude et de corruption s'amplifie. Avec des ramifications politiques qui plongent le gouvernement Trudeau en gestion de crise, à huit mois des prochaines élections.

Dans un contexte aussi tumultueux, force est de constater que les actionnaires de SNC-Lavalin en ont bavé en Bourse depuis quelques semaines.

Rendue autour de 34 $ par action, la valeur boursière du géant canadien du génie-conseil a fondu d'un quart - l'équivalent de 1,9 milliard - depuis le début de l'année.

Elle s'est aussi atrophiée de près de la moitié depuis le sommet de 60 $ par action atteint en juin dernier, soit l'équivalent de 4,5 milliards en perte de valeur boursière en huit mois à peine.

Du côté des analystes et des gestionnaires de placements, aussi, on a eu fort à faire depuis un mois pour rajuster à répétition les prévisions de prochains résultats. De même que les attentes de prix cible des actions en Bourse.

C'est dans ce contexte très troublant chez SNC-Lavalin que les analystes et les investisseurs porteront une attention particulière, ce vendredi 22 février, à son prochain énoncé de résultats de quatrième trimestre et de fin d'exercice 2018.

La mise à jour des perspectives d'affaires à court et à moyen terme sera aussi très suivie, afin de jauger les solutions en cours aux problèmes constatés dans les principaux secteurs d'activités d'ingénierie.

Mais aussi pour réévaluer les priorités de son plan d'affaires à court et à moyen terme dans le but de redresser la situation, avant qu'elle devienne encore plus périlleuse.

25 %

Taux d'abaissement du cours cible d'ici un an pour les actions de SNC-Lavalin en Bourse (de 62 $ à 45 $) recensé parmi les analystes depuis un mois, selon Thomson Reuters

« L'incrédulité des investisseurs envers SNC-Lavalin est palpable. Pour ses dirigeants, la réduction des risques du portefeuille d'activités doit maintenant être une priorité », a récemment indiqué l'analyste Maxim Sytchev, de la Financière Banque Nationale, après le deuxième abaissement de prévisions de résultats en deux semaines chez SNC-Lavalin.

Chez Desjardins Marchés des capitaux, l'analyste Benoit Poirier s'est dit « déçu par ces annonces ».

« D'où mon anticipation de la prochaine mise à jour opérationnelle avec les résultats du quatrième trimestre, a-t-il souligné, qui devrait faire le point sur ce projet minier difficile en Amérique latine, la situation en Arabie saoudite et le projet du désinvestissement dans l'autoroute 407 [autoroute à péage à Toront0 ».

Pour l'analyste Derek Spronck, chez RBC Marchés des capitaux, c'est « la crédibilité de la direction de SNC-Lavalin » qui pourrait être mise en doute si elle ne parvient pas bientôt à renverser le sentiment « négatif » suscité par les récents avertissements de résultats dégradés.

Entre-temps, estime pour sa part l'analyste Mona Nazir, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, « les récentes nouvelles négatives, et plus spécifiquement des changements de perspective dans un court laps de temps, vont inciter les investisseurs à demeurer sur les lignes de côté ».

VENDREDI

La Banque Royale en rapport trimestriel

La plus grande banque du Canada publiera vendredi les résultats du premier trimestre de son exercice 2019, terminé le 31 janvier. Les autres banques lui emboîteront le pas la semaine prochaine. Les analystes suivront surtout les résultats dans ses divisions de « Gestion de placements » et de « Marchés des capitaux », qui comptent pour près de la moitié des revenus de la Banque Royale. Ces divisions sont les plus susceptibles d'avoir été touchées par la forte volatilité des marchés financiers durant ce trimestre de novembre à janvier. Les analystes anticipent un bénéfice net au premier trimestre en hausse annualisée de 6 %, autour de 3,1 milliards.

DEMAIN

Bilan de fin d'année de Walmart

Le plus grand détaillant du monde, avec 11 700 magasins dans 28 pays, dont 411 au Canada, fera part demain des résultats de son quatrième trimestre et de son exercice terminés le 31 janvier. Seront-ils aussi satisfaisants pour ses actionnaires que ceux obtenus lors des trimestres précédents, alors que Walmart accélérait le développement de son commerce par l'internet tout en maintenant la performance de ses grands magasins ? Les analystes s'attendent à une forte progression du bénéfice net au quatrième trimestre, autour des 3,9 milliards US, en dépit d'une croissance modeste - environ 1,5 % - des revenus totaux, autour des 138 milliards US. Pour tout l'exercice, ils anticipent un bénéfice net aux environs de 14,3 milliards US.