La valeur des actions de General Electric a chuté de 11 %, soit presque 9 milliards US, hier à la Bourse de New York après que l’expert-comptable rendu célèbre par sa dénonciation de la fraude d’investissement de Bernard Madoff eut déclaré dans un rapport que GE dissimulait de graves problèmes financiers.

Dans un rapport exhaustif dont l’influent Wall Street Journal a publié un compte rendu hier, l’expert-comptable Harry Markopolos accuse GE d’avoir dissimulé une perte potentielle de 38 milliards de dollars, alors que la trésorerie et les dettes de la société étaient bien pires que ce qu’elle avait révélé.

« Le ratio d’endettement réel de GE est de 17:1 et non de 3:1, ce qui compromettra son statut de crédit », affirme M. Markopolos dans son rapport.

Il soutient également que GE est « insolvable » et que ses unités industrielles auraient accumulé à elles seules un déficit en fonds de roulement de 20 milliards US.

Selon M. Markopolos, GE devra aussi constituer des réserves de 18,5 milliards de dollars pour combler les problèmes financiers dans ses activités d’assurances. Il accuse aussi GE de ne pas comptabiliser correctement ses activités pétrolières et gazières.

« La fraude comptable de 38 milliards de dollars de GE représente plus de 40 % de la capitalisation boursière de GE, ce qui la rend bien plus grave que les fraudes comptables d’Enron ou de WorldCom », prétend M. Markopulos dans son rapport.

Lisez l’article dans le Wall Street Journal (en anglais)

GE se défend

En réaction, la direction de General Electric a publié un long communiqué pour démentir point par point les allégations de M. Markopolos.

GE dit « avoir confiance dans ses chiffres financiers ». « Nous opérons au plus haut niveau d’intégrité et nous avons clairement exposé, avec beaucoup de détails, nos obligations financières », soutient la direction de GE.

Pour sa part, le PDG de GE, Lawrence Culp, embauché il y a quelques mois pour redonner du lustre à cette entreprise phare de l’industrie américaine, a dénoncé une « manipulation de marché pure et simple » de la part de M. Markopolos.

Lawrence Culp reproche aussi à l’expert-comptable de n’avoir pas contacté GE avant de rédiger son rapport, ce qui lui « aurait évité d’avancer des choses fausses. »

En entrevue à la chaîne d’informations financières CNBC, Harry Markopolos a reconnu avoir travaillé en secret pour éviter que GE « ne détruise ses documents ».

Mais ajoutant à la controverse, M. Markopolos a aussi admis qu’avant de rendre public son rapport sur GE, dans le Wall Street Journal, il l’avait d’abord remis à un fonds d’investissement spéculatif en échange d’un pourcentage des gains qu’il prévoyait réaliser en pariant sur la chute des actions de GE en Bourse.

Harry Markopolos s’est fait un nom il y a une dizaine d’années avec ses mises en garde aux autorités financières sur les montages frauduleux de Bernard Madoff, mais sans être écouté pendant des années.

Finalement, le scandale a explosé et révélé que le célèbre financier avait trompé ses clients pendant de nombreuses années, créant un préjudice de plusieurs milliards de dollars. Il est en prison depuis 2009.

— Avec l’Agence France-Presse, Thomson Reuters et CNBC.com