Commentaires intempestifs de Donald Trump, flottement autour de la communication de la Banque centrale américaine (Fed) et d'autres éléments purement économiques ont fortement secoué les marchés ces derniers jours. Voici les principales causes de la nervosité des investisseurs.

Interférences politiques

Relever les taux d'intérêt serait « une erreur » : le président républicain a multiplié les gazouillis pour mettre en garde la Réserve fédérale, sortant de la pratique habituelle du strict respect de l'indépendance de cette institution incontournable pour la bonne marche de l'économie des États-Unis.

Le Comité monétaire de la Fed a finalement décidé, à l'unanimité, de relever les taux la semaine dernière.  

Bien avant les gazouillis frénétiques du président, cette décision était attendue, mais elle suscitait des questionnements sur sa pertinence.  

À l'aune de l'interférence politique, les observateurs s'interrogent : cette décision a-t-elle été prise en toute objectivité ou pour tenir tête à l'hôte de la Maison-Blanche  ? Le doute n'a pas profité aux marchés.

Cette décision a provoqué la colère de Donald Trump, qui envisagerait de congédier le président de la Fed, Jerome Powell, selon des médias américains.  

Cette information a été démentie par le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, samedi, mais l'éventualité de ce départ a ébranlé des investisseurs, s'inquiétant déjà de voir partir un à un les responsables considérés comme les plus importants contrepoids aux décisions intempestives de M. Trump.

Celui-ci s'en est de nouveau pris à l'institution lundi : « Le seul problème de notre économie, c'est la Fed ». Ses gouverneurs « ne sentent pas le marché ».

Communication de la Banque centrale

La Fed, elle-même, a semé le trouble en n'étant pas d'une clarté absolue sur le rythme des hausses des taux d'intérêt qu'elle compte imposer à l'avenir. Celles-ci renchérissent tous les crédits à la consommation et les crédits immobiliers. Elles ont donc des répercussions directes sur l'économie américaine, traditionnellement tirée par la consommation.

La décision de la Fed de relever les taux d'intérêt était jusqu'alors justifiée par le fait qu'il fallait éviter une surchauffe de l'économie déjà au plein emploi, mais la dernière hausse a semblé entrer en contradiction avec un abaissement des prévisions de croissance et d'inflation pour 2018 et 2019.

Alors que le ralentissement économique se profile après 10 ans d'expansion, « le message envoyé par les marchés est que [les gouverneurs de la Fed] n'organisent pas un atterrissage en douceur, mais un atterrissage forcé; en d'autres termes, [il y a] peut-être une erreur dans leur politique monétaire », a relevé Quincy Krosby, analyste chez Prudential Financial.

Énigmatique sortie du Secrétaire au Trésor

Steven Mnuchin s'était voulu rassurant la fin de semaine dernière sur l'économie américaine, en affirmant avoir eu des entretiens avec les six principales banques du pays, qui disposent « d'amples liquidités », et en convoquant une conférence téléphonique avec un groupe de travail sur les marchés financiers.

Mais ses gazouillis, envoyés depuis son lieu de vacances, ont pris l'allure d'une communication de crise, remuant un peu plus les marchés au moment où les administrations fédérales sont en partie fermées, faute d'accord au Congrès sur le financement d'un mur à la frontière mexicaine voulu par Donald Trump.  

Le président a renouvelé mardi sa confiance, qualifiant M. Mnuchin de « très talentueux, très intelligent ».

Ralentissement économique

Les marchés s'inquiètent de plus en plus de la conjoncture mondiale. Dès octobre, le Fonds monétaire international (FMI) avait abaissé ses prévisions de croissance de l'économie mondiale pour 2018 et 2019 (3,7 % contre 3,9 % précédemment).

La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a laissé entendre fin novembre que ces données seraient encore abaissées en janvier.

S'agissant de la seule économie américaine, le FMI souligne depuis des mois que les effets positifs de la réforme fiscale, adoptée il y a tout juste un an, s'estomperont.  

Cette réforme, qui s'est traduite concrètement par des baisses d'impôts des particuliers et surtout des entreprises, a stimulé l'économie américaine cette année en redonnant plus de pouvoir d'achat aux consommateurs et plus de bénéfices aux entreprises.

Les sociétés ont pu aussi rapatrier, à moindres frais, aux États-Unis des revenus enregistrés à l'étranger.

Dans une note récente, Oxford Economics notait néanmoins un ralentissement de ces rapatriements d'argent.

« Après avoir rapatrié 294,8 milliards de dollars au premier trimestre grâce aux coupes d'impôts, les entreprises ont rapatrié 183,7 milliards au deuxième trimestre et seulement 92,7 milliards au troisième trimestre », a détaillé Gregory Daco, chef économiste.  

Guerre commerciale

Les échanges commerciaux ont largement stimulé l'expansion économique dans le monde.  

La guerre commerciale que se livrent les États-Unis et la Chine, les deux premières puissances économiques mondiales interdépendantes, nourrissent les inquiétudes des investisseurs.

La croissance de la Chine a déjà marqué le pas. Avec le ralentissement annoncé de l'économie américaine, les marchés redoutent que les deux pays entraînent dans leur sillage le reste du monde.