Les marchés boursiers ont été secoués récemment par le sursaut au-dessus de 3 % du taux de rendement obligataire de référence aux États-Unis, soit celui des bons du Trésor à échéance 10 ans.

D'autant que ce sursaut est survenu peu après un autre relèvement de taux directeur par la Réserve fédérale américaine (Fed), pour un quatrième trimestre consécutif.

C'est dans ce contexte de resserrement de politique monétaire en Amérique du Nord que la prochaine décision de taux directeur par la Banque du Canada, mercredi, est largement attendue en hausse parmi les économistes et les analystes des marchés financiers.

« Selon M. Poloz [gouverneur de la Banque du Canada], l'économie tourne à plein régime, et l'inflation est proche de l'objectif. Ajoutez à cela l'AEUMC [le nouvel accord commercial avec les États-Unis et le Mexique] dans un contexte où la Banque du Canada aura du mal à justifier le maintien du taux directeur sans changement le 24 octobre. Surtout si l'on considère que les prix du marché obligataire préfigurent une hausse des taux », indiquait Stéfane Marion, économiste et stratège en chef à la Banque Nationale, dans son Mensuel obligataire d'octobre.

Chez Marchés des capitaux BMO, l'économiste en chef adjoint, Michael Gregory, s'attend aussi à ce que « la Banque du Canada augmente son taux directeur de 25 points de base le 24 octobre pour ajuster sa politique monétaire encore très accommodante, alors que la croissance du PIB au troisième trimestre s'avère mieux que prévu et que l'économie fonctionne presque à pleine capacité depuis un certain temps ».

De plus, souligne M. Gregory, « la négociation d'un accord commercial États-Unis-Mexique-Canada a soulagé une source majeure d'incertitude quant aux perspectives économiques du Canada, qui était aussi l'un des principaux motifs de la Banque du Canada à surseoir à une hausse de taux directeur ».

Si elle se confirme, la hausse d'un quart de point (0,25 %) du taux directeur de la Banque du Canada serait la troisième à survenir depuis le début de l'année.

Mais aussi, anticipent les économistes du secteur bancaire, elle serait l'amorce d'une série de hausses du taux directeur jusqu'aux environs de 3 % dans 18 mois.

« Je m'attends à ce que la Banque du Canada poursuive avec une séquence de hausses trimestrielles jusqu'à ce que son taux directeur atteigne la zone de 2,5 % à 3,5 % que la Banque considère « neutre » pour l'économie dans sa gestion de politique monétaire », selon Michael Gregory, chez Marchés des capitaux BMO.

Mais pour Derek Holt, vice-président et économiste en chef des marchés financiers à la Banque Scotia, la Banque du Canada aurait même un rattrapage à faire avec sa politique monétaire.

« La politique monétaire demeure trop laxiste au Canada, continuant de s'accrocher de manière inappropriée aux niveaux de stimulation après la crise financière », indique M. Holt dans son billet d'analyse de conjoncture financière en Amérique du Nord, publié la semaine dernière.

« Aussi, le maintien d'un taux directeur négatif [en termes réels, considérant l'inflation à 2 %] au Canada est injustifié en comparaison avec les autres économies à taux réel négatif, comme la zone euro et le Japon, mais où le taux d'inflation est inférieur de moitié à celui du Canada. »

En conséquence, souligne Derek Holt, « le dollar canadien demeure artificiellement faible sur le marché des devises. C'est l'une des raisons pour lesquelles je m'attends à ce que la Banque du Canada augmente son taux directeur de 150 points de base (1,5 %) d'ici le premier trimestre de 2020, avant de se mettre en pause ».

LUNDI ET MARDI

Canada : de gros transporteurs font le point

Le secteur des transports est souvent pressenti en Bourse comme un baromètre de l'économie. Or, deux gros transporteurs canadiens de marchandises, TFI International dans le camionnage et le Canadien National dans le ferroviaire, publient ces jours-ci leurs résultats de troisième trimestre et leurs perspectives d'affaires pour les prochains trimestres. Chez TFI International, les revenus du troisième trimestre sont attendus aujourd'hui en hausse de 7 %, à 1,24 milliard, alors que le bénéfice net est prévu en repli de 20 %, à 80 millions (incluant des frais spéciaux de transactions d'actifs). Au Canadien National, les revenus du troisième trimestre sont attendus demain en hausse de 11 %, à 3,59 milliards, et le bénéfice net est prévu en hausse de 13 %, au seuil du milliard de dollars.

VENDREDI 

États-Unis : un PIB moins chaud au 3e trimestre ?

Après un deuxième trimestre très fort, les intervenants des marchés financiers seront attentifs vendredi au premier aperçu de la croissance du produit intérieur brut (PIB) de l'économie américaine durant le troisième trimestre, terminé le 30 septembre. On anticipe une croissance d'environ 3,5 % en termes annualisés. Il s'agirait d'un repli bienvenu après la croissance forte de 4,2 % au deuxième trimestre, qui avait suscité des craintes de surchauffe inflationniste et motivé la Réserve fédérale (Fed) à rehausser encore son taux d'intérêt directeur en septembre.