Après avoir brusquement plongé, le titre a finalement terminé en hausse de 38,12% à 214,06 dollars alors que Tilray avait fait mi-juillet ses débuts à Wall Street au prix de 17 dollars.

L'entreprise y vaut désormais près de 20 milliards $.

«C'est complètement fou, dans la journée on a atteint la capitalisation boursière de Renault», remarque Gregori Volokhine, gérant de portefeuille pour Meeschaert Financial Services. «Cela montre qu'il y a encore de la place pour la spéculation effrénée à Wall Street», ajoute-t-il.

Cronos, une autre société canadienne également cotée sur la place new-yorkaise, a gagné 9,78% tandis que sa compatriote Canopy Growth a lâché 4,89%.

Tilray s'était déjà apprécié de 29% mardi après avoir reçu le feu vert des autorités américaines pour expédier aux États-Unis du cannabis à usage thérapeutique dans le cadre d'un essai clinique.

Son PDG, Brendan Kennedy, a suscité encore plus l'intérêt des investisseurs en affirmant mardi soir sur la chaîne d'informations financières CNBC que les vendeurs de boissons alcooliques et les laboratoires pharmaceutiques avaient tout intérêt à se protéger de l'emballement pour le cannabis.

«Si vous êtes un investisseur dans une compagnie pharmaceutique ou que vous êtes une compagnie pharmaceutique, il faut se protéger contre le risque d'une substitution par le cannabis» des médicaments anti-douleur, a-t-il affirmé.

Parallèlement, «je pense que toutes les entreprises distribuant de l'alcool doivent entrer dans le secteur», a-t-il ajouté. «C'est une opportunité au niveau mondial».

Constellation Brands, vendeur des bières Modelo et Corona, a d'ailleurs investi récemment 4 milliards $ dans Canopy Growth. Le brasseur Molson Coors a aussi noué un partenariat avec Hydropothecary pour des boissons infusées au cannabis.

Et le géant des sodas Coca-Cola a confirmé lundi qu'il étudiait «de près» l'utilisation croissante dans le monde du CBD, un principe non psychoactif du cannabis, comme ingrédient dans certaines boissons.

Dans cet environnement, l'objectif de Tilray, dont le chiffre d'affaires au deuxième trimestre n'était que de 9,7 millions $, «est de construire une entreprise qui domine certains secteurs de cette industrie à 150 milliards $», a assuré M. Kennedy.

Valorisation «ridicule»

L'industrie du cannabis «est bien évidemment un secteur que nous surveillons, la question étant de savoir à quel point il va se normaliser», souligne Quincy Krosby, directrice de la stratégie d'investissement pour Prudential.

Les professionnels ont notamment été refroidis selon elle par un article de Politico diffusé la semaine dernière évoquant la possibilité que les personnes misant de l'argent sur l'industrie de la marijuana puissent avoir des difficultés à entrer aux États-Unis.

Dans ce pays, la loi fédérale interdit la culture, la vente et l'utilisation de la marijuana. Mais 29 États autorisent son usage médical et quelques-uns autorisent la consommation récréative.

Et le Canada deviendra le 17 octobre le deuxième pays au monde à légaliser le cannabis récréatif, cinq ans après l'Uruguay.

Certains acteurs du marché restent cependant sceptiques face à l'envolée du secteur à Wall Street.

«Clairement le marché se concentre sur le potentiel à long terme de l'industrie encore naissante du cannabis», relèvent les analystes de Briefing. «Mais l'explosion de l'action ne semble pas viable, la tendance peut se renverser très rapidement.»

La société Citron Research, connue pour parier régulièrement sur la déroute de certaines entreprises, en a fait sa dernière cible.