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OÙ EN EST L'INFLATION DANS L'ÉCONOMIE AMÉRICAINE ?

Après la confirmation d'une croissance forte - avec un PIB en hausse de 4,1 % au deuxième trimestre - et d'un marché du travail devenu le plus serré depuis une décennie (taux de chômage encore abaissé à 3,9 % en juillet), la question préoccupe de plus en plus les économistes.

Vendredi, tout le milieu financier en Amérique du Nord suivra aussi la mise à jour de la principale mesure consolidée de l'inflation dans l'économie américaine. Il s'agira de l'indice des prix à la consommation pour le mois de juillet, ou indice CPI, pour Consumer Price Index, dans le jargon économique anglophone.

POURQUOI CETTE PRÉOCCUPATION ?

Parce que la mesure de l'inflation est l'un des facteurs déterminants des décisions de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Et après ses récents commentaires sur l'économie, mercredi dernier, tout le milieu financier s'attend désormais à deux hausses du taux d'intérêt directeur d'ici à la fin de l'année.

La première pourrait survenir le mois prochain, en septembre, si le taux d'inflation attendu vendredi s'avérait encore en hausse par rapport au niveau cible de 2 % déjà mentionné par la Fed.

« Une reprise beaucoup plus forte que prévu de l'inflation aux États-Unis demeure un risque majeur pour les perspectives mondiales », avertit d'ailleurs Brian Coulton, économiste en chef à l'agence de notation financière Fitch.

« La baisse du taux de chômage américain devient de plus en plus significative, et elle pourrait atteindre d'ici l'an prochain son plus bas niveau en 66 ans, soit 3,4 %. »

« Avec un tel resserrement du marché du travail, ce n'est qu'une question de temps avant que s'amplifient les pressions à la hausse sur les salaires. »

En conséquence, estime M. Coulton, « un choc inflationniste aux États-Unis pourrait entraîner des ajustements des taux [d'intérêt] obligataires américains et mondiaux, augmentant ainsi la volatilité des marchés et nuisant à l'appétit pour le risque [placements en Bourse]. Cela pourrait perturber la croissance mondiale ».

Au Mouvement Desjardins, l'économiste principal Mathieu D'Anjou appréhende un effet inflationniste découlant des tarifs douaniers imposés par Washington sur un nombre croissant d'importations provenant de Chine, mais aussi du Canada et d'Europe.

« On observe déjà des effets notables sur les prix de certains produits américains touchés par ces tarifs, dans un contexte où l'inflation est déjà au-dessus du niveau ciblé et où les taux de chômage évoluent à des creux de plusieurs décennies », souligne M. D'Anjou.

Par conséquent, « le plus grand risque que fait peser ce conflit commercial pour l'économie américaine est qu'il pourrait amplifier la tendance haussière de l'inflation pour l'amener à un niveau préoccupant. Cela pourrait entraîner une hausse plus importante que celle que nous anticipons des taux [d'intérêt], en plus d'avoir des conséquences négatives importantes pour les places boursières. »

Par la suite, « cette évolution défavorable des marchés financiers risquerait de faire fortement redescendre la confiance des ménages et des entreprises et freiner ainsi l'activité économique ».

Infographie La Presse

Le taux d'inflation aux États-Unis, qui est déjà à son plus haut en six ans à 2,9 %, pourrait se hisser à 3 % dans les données de juillet qui seront divulguées vendredi, selon les économistes sondés par l'agence Thomson Reuters.

À surveiller

Mardi: Saputo au rapport

Le géant laitier québécois, dont la valeur boursière stagne autour de 43 $ par action depuis deux ans, reçoit ses actionnaires en assemblée annuelle, demain à Laval. Saputo divulguera les résultats du premier trimestre de son exercice 2019, alors que les analystes anticipent une autre baisse du bénéfice par action. « Saputo a eu de la difficulté à générer une croissance du résultat net au cours des trois derniers trimestres, en raison des difficultés de marché de ses matières premières et de gestion de coûts de certaines activités », selon Vishal Shreedha, analyste du secteur de la consommation à la Financière Banque Nationale.

Vendredi: l'emploi au Canada

Est-ce que le taux de chômage, déjà à un bas historique autour de 6 %, pourrait baisser encore ? Compliquant du coup la disponibilité de main-d'oeuvre dans certains secteurs et régions ? « Aux dernières indications, le marché du travail demeure relativement serré et les salaires augmentent au-delà de l'inflation », selon Douglas Porter, économiste en chef à la Banque de Montréal. Ou, au contraire, verra-t-on s'accentuer un repli de l'emploi dans certains secteurs ? « Les incertitudes liées au commerce international pourraient nuire au marché du travail », avertit Krishen Rangasamy, économiste principal à la Banque Nationale.