La volonté affichée par Pékin d'empêcher sa monnaie de dériver a donné un sérieux coup de fouet aux marchés, d'abord en Asie puis en Europe où l'ensemble des places boursières décollaient à leur tour.

Alors que le retour des marchés chinois, après une semaine d'interruption pour les fêtes du Nouvel An, était redouté par les investisseurs, le gouverneur de la banque centrale chinoise (PBOC), Zhou Xiaochuan, a rassuré dès dimanche en affirmant qu'il n'y avait pas de raison pour que le yuan se déprécie encore. Il a assuré que l'institution continuerait d'utiliser ses gigantesques réserves de changes pour défendre son cours.

«Ceci témoigne de la volonté du gouvernement de piloter la transition de son économie d'un modèle basé sur ses exportations à un modèle porté par la consommation intérieure», soulignent les analystes de Crédit Mutuel CIC.

La Chine «tente de mettre en place une dynamique vertueuse», estiment aussi les analystes d'Aurel BGC.

«L'arrimage solide du yuan a apaisé les craintes de dévaluation» ce qui a permis «un rebond à travers l'Asie» et des ouvertures en hausse en Europe, relève également Jasper Lawler, un analyste de CMC Markets.

Ces déclarations, couplées à des spéculations sur de possibles futures mesures de soutien supplémentaires de la Banque du Japon et du gouvernement et à des achats à bon compte, après nombre de séances éprouvantes, ont permis de beaux rebonds des places asiatiques, Tokyo en tête (+7,16%). Hong Kong a pris 3,27%.

Ironie du sort, la seule place restée en arrière a été Shanghai, mais elle a toutefois réussi à limiter ses pertes à 0,63%.

La bonne humeur s'est ensuite répercutée sur l'Europe, avec de francs rebonds à l'ouverture pour l'ensemble des places.

Vers 8h00 (heure de Montréal) elle ne faiblissait pas: la Bourse de Paris prenait 3,38%, celle de Francfort 5,45%, Londres 2,27%, Milan 8,69% et Madrid 3,32%.

Aux États-Unis, les marchés seront fermés lundi pour cause de jour férié.

«La volatilité donne des maux de tête aux marchés»

«La performance positive en Asie s'est répercutée sur les indices européens, qui sont actuellement dopés par la poursuite du rebond du secteur bancaire», explique Connor Campbell, analyste chez Spreadex.

Les banques rattrapaient en effet une petite partie de l'important terrain perdu depuis le début d'année alors que le marché s'interroge sur la solidité financière de certains établissements, en particulier en Europe, qui pourraient être affaiblis par le ralentissement de la croissance mondiale et la généralisation des taux d'intérêt négatifs.

Au Japon Mitsubishi UFJ Financial Group (MUFG) a avancé de 8,65%. En Europe, la française Société Générale prenait 4,63%, l'italienne BMPS 8,19%, l'espagnole Santander 2,84%. En Allemagne, Deutsche Bank montait de 1,11% et à Londres, Barclays de 2,93%.

Ce dynamisme a permis aux marchés d'ignorer le recul du produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre 2015 au Japon et des statistiques chinoises moroses puisque la Chine a vu ses exportations, et surtout ses importations, dégringoler de concert à nouveau en janvier, sur fond de dégradation continue de l'activité industrielle dans la deuxième économie mondiale.

Car la situation reste fragile et la volatilité continue à régner.

«Avec les inquiétudes sur la croissance mondiale qui persistent, il est encore prématuré de dire que les actions ont touché un plancher», a estimé Shane Oliver, responsable chez AMP Capital Investors à Sydney.

«La volatilité donne des maux de tête aux marchés», confirme auprès de l'AFP Hisao Matsuura, analyste chez Nomura, mais après cette période de turbulences, il reste optimiste pour l'ensemble de l'année.

Pour Aurel BGC, «les statistiques (chinoises) ne plaident pas pour une meilleure dynamique économique dans le pays» et «la Chine risque, si elle persiste à vouloir défendre le taux de change, de brûler à vive allure ses réserves de change».