L'horizon se dégageait mercredi pour les places boursières en Europe et aux États-Unis, grâce aux banques et après un début de semaine calamiteux, tout en perdant un peu de vigueur après un discours contrasté de la présidente de la Fed.

Les Bourses européennes, à l'unisson des autres marchés mondiaux, ont lourdement chuté lundi et mardi tombant à des plus bas depuis fin 2014 pour la Bourse de Paris.

Les craintes semblaient toutefois s'apaiser provisoirement, notamment parce que le secteur bancaire, qui cristallisait les peurs, bénéficiait d'une bouffée d'air frais, malgré la nouvelle forte baisse de Tokyo qui a perdu 2,31% après avoir déjà dégringolé de 5,40% la veille.

Vers 10h00 (heure de Montréal), Paris prenait 1,72%, Francfort 1,67%, Londres 0,33%, Madrid 2,10% et Milan 3,59%, ces deux dernières places étant particulièrement dépendantes des banques.

De son côté, Wall Street a ouvert en hausse, après s'être stabilisé mardi.

«C'est l'heure du rebond en Europe, grâce aux financières», résume le courtier Aurel BGC.

Cette reprise perdait toutefois un peu de souffle après la publication du discours que doit tenir devant la Chambre des représentants la présidente de la Réserve fédérale américaine (Fed) Janet Yellen.

Elle a maintenu l'idée d'une hausse graduelle des taux d'intérêt aux États-Unis tout en se montrant inquiète de l'impact du ralentissement de l'économie mondiale.

Ce propos «est clairement en opposition» avec ce qu'anticipent les marchés qui estiment que «toute nouvelle hausse des taux est pour l'heure exclue», souligne Capital Economics.

Ce discours était très attendu par les marchés, qui doutent de la capacité des banques centrales à les sortir du marasme, comme elles avaient l'habitude de le faire depuis la crise de 2008.

Rebond des banques

Le marché restait bien orienté principalement grâce aux valeurs bancaires.

L'envolée de Deutsche Bank à Francfort, qui a pris plus de 10% dans la matinée après avoir été laminée ces derniers jours, symbolisait cet optimisme retrouvé.

La banque était soutenue par des spéculations sur des rachats de sa propre dette qu'elle envisagerait, selon des informations de presse

L'ensemble des valeurs bancaires grimpait, comme BNP Paribas (+4,45%) et Société Générale (+7,72%) à Paris, Intesa Sanpaolo (+8,98%) et Unicredit (+4,95%) à Milan.

Malgré cette reprise, le contexte n'a pas changé et «les investisseurs s'interrogent de plus en plus sur la capacité des banques à résister dans un contexte économique difficile», remarque toutefois Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque.

Le marché craint en effet que la situation financière des banques soit affectée par leur exposition aux prix du pétrole, sans compter la faiblesse des taux d'intérêt et les contraintes réglementaires qui vont peser sur leur rentabilité.

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a de son côté indiqué qu'il n'était pas inquiet pour les banques françaises, estimant que leur situation n'avait rien à voir avec celle de 2008.

Il a tenu à rassurer sur l'exposition des banques françaises au secteur pétrolier.

«Nous la regardons (cette exposition), en montant, et nous la regardons aussi en qualité. Ce que je peux vous dire, c'est que les banques françaises ont une approche plus prudente que la moyenne des banques et que, notamment, elles sont peu exposées sur les acteurs les plus endettés et donc les plus sensibles aujourd'hui à la baisse des cours du pétrole», a-t-il dit.

Le marché accueillait par ailleurs favorablement la stabilisation des prix du pétrole, mais ce répit ne devrait pas durer, selon les analystes, en raison de l'excès d'offre.

Les investisseurs attendent en outre avec nervosité les chiffres hebdomadaires des réserves américaines de brut, prévus dans l'après-midi.

«La corrélation entre les marchés boursiers et le pétrole a été très élevée ces dernières semaines», rappelle M. Dembik.

La baisse des tensions se faisait également sentir sur le marché obligataire, avec une baisse des taux d'emprunt des pays du sud de la zone euro.

Sur le marché des changes, l'euro, à 1,1237 dollar, perdait un peu de terrain face au billet vert qui restait affaibli avant le discours de Janet Yellen.

Enfin, l'or, qui avait été privilégié comme souvent en cas de tourmente boursière, progressait à 1193 dollars l'once après avoir reculé dans la matinée.