Wall Street a encore nettement reculé lundi, souffrant comme les Bourses européennes des inquiétudes pour l'économie mondiale et de la baisse des cours du pétrole, qui conduisaient les investisseurs à réévaluer le prix des actions: le Dow Jones a perdu 1,10 % et le NASDAQ 1,82 %.

Selon des résultats définitifs, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a cédé 177,92 points à 16 027,05 points et le NASDAQ 79,39 points à 4283,75 points, les indices ayant toutefois nettement modéré leurs pertes en fin de séance.

Jugé le plus représentatif par de nombreux investisseurs, l'indice élargi S&P 500 a reculé de 26,61 points, soit 1,42 %, à 1853,44 points.

À Toronto, le S&P TSX reculait de 1,79 % ou 228,59 points à 12 535,40 points.

En dépit d'effets d'aubaine réduisant les pertes, Wall Street a surtout prolongé le décrochage enclenché vendredi, dans le sillage des Bourses européennes et en l'absence d'actualité forte.

Selon Michael James, chez Wedbush Securities, la déconfiture d'une poignée de noms de la Tech vendredi, comme LinkedIn (+1,47 % à 109,97 dollars) qui s'était écroulé de plus de 40 % après des prévisions décevantes, a conduit les investisseurs à réexaminer ce que doit être le rapport entre le prix d'une action et les performances d'une entreprise.

« La magnitude de la correction [...] a déclenché l'inquiétude des investisseurs du secteur de la technologie, et j'imagine que pendant le weekend des gens se sont posé des questions sur leur exposition dans la technologie, et on assiste à une compression des multiples de valorisation », a dit M. James.

Le mouvement s'étend à l'ensemble de la cote car « le souci est que les valorisations vont continuer à baisser dans un contexte de croissance en baisse voire de récession, et les investisseurs qui vendent essaient de devancer ce que sera l'économie dans trois mois », a ajouté M. James.

Hormis des résultats décevants, le marché avait également souffert vendredi des chiffres ambigus sur le marché de l'emploi américain: les créations d'emplois ont été décevantes, mais assorties d'un taux de chômage en baisse et surtout d'une progression du salaire horaire.

Selon plusieurs analystes, ces chiffres pourraient ne pas dissuader la Réserve fédérale de rehausser les taux d'intérêt en mars, ce que beaucoup estiment très risqué alors que la croissance marque déjà le pas.

« La Fed a décidé de ne plus être la gardienne du marché, donc les investisseurs doivent s'ajuster [...] et se concentrer sur les données fondamentales comme les bénéfices et chiffres d'affaires », a souligné Jack Albin, chez BMO Private Bank, estimant qu'il restait encore une bonne marge d'ajustement des valorisations.

Le marché obligataire était en hausse. Le rendement des bons du Trésor à dix ans s'affichait à 1,756 % contre 1,837 % vendredi soir, et celui des bons à 30 ans à 2,584 % contre 2,673 % précédemment.