L'action Amaya a reculé jeudi à un creux de 52 semaines après qu'une cour de l'État du Kentucky eut émis un jugement de 870 millions $ US contre le spécialiste des jeux de hasard en ligne pour les pertes encourues par les clients du site internet PokerStars.

La société montréalaise a annoncé son intention de faire appel du jugement, estimant que celui-ci repose sur une obscure loi remontant à il y a plus de 200 ans et qu'il est complètement disproportionné par rapport aux gestes qui lui sont reprochés.

Le Kentucky avait lancé une poursuite en justice contre Amaya pour recouvrer les pertes prétendument subies par des résidents de l'État qui ont joué au poker en argent réel sur le site PokerStars de 2006 à 2011, année où la plupart des sites de poker en ligne ont été interdits aux États-Unis.

Amaya a racheté PokerStars en 2014 dans le cadre d'une transaction de 4,9 milliards $ US. La société a indiqué qu'indépendamment de la décision finale dans la poursuite qui l'oppose au Kentucky, elle tenterait de récupérer toute somme qui lui serait réclamée auprès des anciens propriétaires de PokerStars.

Selon l'analyste Kevin Wright, de Canaccord Genuity, la transaction prévoyait un dépôt fiduciaire de 300 millions $ US par le propriétaire précédent pour un éventuel règlement de la poursuite, qui avait été déposée avant que ne soit conclue la vente de PokerStars.

Amaya a en outre indiqué que le jugement semblait contredire une décision précédente du même tribunal qui statuait que les dommages devraient être calculés en fonction des pertes nettes des joueurs. La société estime que ces pertes totalisent environ 18 millions $ US, après ajustement pour les gains, les primes et les parties gratuites obtenues.

L'action d'Amaya a reculé jusqu'à 16,51 $ en matinée, après l'annonce du jugement, puis a pris du mieux pour clôturer à 17,50 $ à la Bourse de Toronto, en baisse de 98 cents, soit 5,3 %.

Le titre d'Amaya a touché un sommet d'environ 37 $ plus tôt cette année. Il a perdu le quart de sa valeur au début novembre, lorsque l'entreprise a indiqué que la vigueur du dollar américain nuisait au pouvoir d'achat de ses consommateurs.

Dans sa déclaration de jeudi, Amaya a aussi déploré le fait que ce soit l'État du Kentucky, plutôt que des joueurs individuels de PokerStars, qui soit le principal demandeur dans la poursuite.

«Il s'agit d'une utilisation abusive plutôt frivole et démesurée d'une loi d'état désuète visant à enrichir par des honoraires conditionnels les avocats des demandeurs embauchés par le Commonwealth plutôt que les gens du Kentucky», a déclaré le directeur des affaires juridiques d'Amaya, Marlon Goldstein.

«Puisque PokerStars n'a généré que des produits d'exploitation bruts d'environ 18 millions $ US provenant de clients du Kentucky au cours des cinq années visées, les dommages-intérêts accordés de plus de 800 millions $ US ne se démarquent que par leur absurdité.»

Les enseignes de jeux d'Amaya comprennent PokerStars, Full Tilt et StarsDraft, et la société détient des licences pour offrir ses jeux dans plus d'une dizaine de pays en Europe, ainsi qu'au Québec et dans l'État américain du New Jersey.