Le jour même où elle devait déposer son prospectus définitif qui allait confirmer son entrée en Bourse en mai, l'entreprise Genacol, de Blainville, a décidé de faire marche arrière.

La direction de Genacol a informé cette semaine ses avocats, son banquier et certains investisseurs de sa décision.

«Suite à différents événements qui se sont produits récemment, nous avons décidé d'arrêter le processus car d'autres options intéressantes se sont présentées à nous», commente Martin Vidal, vice-président directeur et chef de la direction financière.

«Une compagnie souhaite aller en Bourse pour obtenir des capitaux afin de financer sa croissance. Si ce capital arrive d'une autre manière sans apporter de dilution aux actionnaires actuels, c'est encore mieux», dit-il, refusant de donner davantage de précisions.

La volte-face de Genacol survient alors que le roadshow qui visait à promouvoir les actions de l'entreprise auprès des investisseurs institutionnels était pratiquement terminé.

Petite émission

Genacol avait d'ailleurs passé au travers du filet d'évaluation de la firme Cote 100, de Saint-Bruno, même si une règle interne allait ainsi être transgressée. «Nous avons pour principe de ne pas toucher aux nouvelles émissions, mais nous étions prêts à faire une entorse à notre règle car le modèle d'affaires est intéressant, l'évaluation était très raisonnable et ça rencontrait pas mal tous nos critères», dit le gestionnaire de portefeuille et président de Cote 100, Philippe Le Blanc.

Genacol avait établi à 1,00$ le prix de ses actions et souhaitait récolter entre 3 et 5 millions de dollars en entrant à la Bourse de croissance de Toronto. La capitalisation boursière initiale de la société spécialisée dans les produits de santé naturelle aurait ainsi été d'environ 20 millions en tenant compte des actions que la direction allait conserver.

«Le point négatif, et c'est probablement pour ça que Genacol ne vient pas en Bourse, c'est que c'était très petit comme émission», dit Philippe Le Blanc.

Le titre n'aurait pas été liquide. «J'étais prêt à vivre avec ça car nous sommes des investisseurs à long terme. Pour d'autres institutionnels, j'imagine que c'est un gros défaut pour une compagnie, dit Phillipe Le Blanc. Les investisseurs comme nous n'auraient pas vendu d'actions avant longtemps. Sans marché secondaire, est-ce que ça vaut la peine d'aller en Bourse?»

«Certains pensent qu'on se retire pour les mauvaises raisons [croyant que c'est parce que la demande n'est pas au rendez-vous], dit Martin Vidal. On leur dit de ne pas être déçus, nous sommes très heureux de la tournure des événements et nous serons fiers de bientôt annoncer pourquoi nous avons pris cette décision.»

«Un petit joyau»

Genacol avait embauché la firme Jones Gable pour piloter son inscription en Bourse. Appelé à commenter, le vice-président au financement des sociétés chez Jones Gable, Paul Bernard, n'a pas caché sa déception. «Genacol est un petit joyau. Mais ce n'était pas un gros financement. C'était très difficile de vendre ça à des grandes banques. Il faut 200 actionnaires pour faire un premier appel public à l'épargne et après quatre semaines d'efforts et de rencontres, on était très loin du compte. Entre-temps, il y a eu des développements commerciaux et des opportunités chez Genacol, semble-t-il, ce qui leur permet de réévaluer leur stratégie.»

Genacol en bref

> Siège social: Blainville

> Année de fondation: 2000

> Activités: produits naturels à base de collagène pour la santé des articulations

> PDG: Guy Michaud

> Employés: 14

> Actionnaires: Guy Michaud et ses enfants (90%), Martin Vidal, vp finances (10%)

> Chiffre d'affaires annuel: 7 millions

> Marge bénéficiaire brute: 70%