Après 15 ans de rattrapage, l'indice phare du marché électronique NASDAQ vient d'établir un nouveau record historique. Mais c'est un marché beaucoup plus sain qui fait ce matin la manchette. Rien à voir avec la bulle du début du siècle.

L'indice général du premier marché électronique mondial a fermé hier à 5056,06 points, en hausse de près de 21 points, ou 0,4%, par rapport à la veille. Il surpasse ainsi son record de 5048,62 points établi en clôture le 10 mars 2000, mais demeure en deçà de son sommet de 5132,52 touché en séance le 15 mars 2000.

Le NASDAQ est en forte hausse de près de 6,8% depuis le début de l'année. C'est cinq fois plus que pour le Dow Jones des industrielles de la Bourse de New York, qui stagne avec l'économie. Il a quand même fallu deux ans de moins au vieil indice pour retrouver son sommet.

«Le NASDAQ est en force, car de nombreuses entreprises de technologie font mieux», commente Randy Warren, de la firme Warren Financial Service&Associates, de Pennsylvanie, en entrevue à l'agence Bloomberg. «Le marché semble accorder une passe gratuite aux entreprises du Fortune 500, tenant pour acquis que les affaires vont reprendre même si les résultats du premier trimestre sont mauvais.»

Cette fois, c'est bien différent

Depuis l'an 2000, bien des choses ont changé, à commencer par l'indice technologique lui-même. «Cela fait 15 ans, alors ce n'est pas le NASDAQ de papa», commente John Manley, chef stratège pour Wells Fargo Funds Management, à New York. «C'est loin d'être aussi onéreux qu'à l'époque.»

Le multiple des bénéfices futurs des entreprises cotées est actuellement de 30 fois, ce qui est dans la moyenne des cinq dernières années. Certes, c'est deux fois plus que pour le Dow Jones des industrielles de la Bourse de New York. Mais c'est tout de même quatre fois moins que le niveau délirant d'il y a 15 ans.

En réalité, au sommet de la bulle en 2000, les sociétés du secteur internet, par exemple, affichaient rarement des profits. Pour mesurer leur valeur lors d'entrées en Bourse spectaculaires, les analystes se fondaient sur des critères peu probants comme le nombre de visiteurs sur un site internet.

L'indice du marché électronique compte aujourd'hui plus de gros titres, plus stables, d'entreprises rentables, certaines versant même des dividendes. Puisqu'il s'agit d'un indice pondéré, les géants comme Apple et Microsoft pèsent beaucoup plus que les quelques milliers d'autres composantes.

Le NASDAQ, deuxième marché d'actions en importance, aux États-Unis, par le volume traité, derrière la Bourse de New York, ne compte plus en fait que 2574 titres (tous font partie de l'indice), comparativement à 4715 au tournant du millénaire. Beaucoup des vedettes d'alors ont été fusionnées, ont fait banqueroute ou ont été privatisées. Qui se rappelle Pets.com ou eToys?

Plus concentré, l'indice composite du NASDAQ est néanmoins plus diversifié. La technologie compte toujours pour la plus large part (43%), mais on y retrouve aussi en contrepoids une variété d'entreprises comme le laboratoire pharmaceutique Gilead Sciences, la star du cinéma 21st Century Fox, le compagnon du matin Starbucks ou même le grand détaillant Costco.

L'ascension spectaculaire de l'indice composite doit en fait beaucoup à Apple, qui représente aujourd'hui près de 10% de l'indice global. Avec le redressement opéré par Steve Jobs, le titre a multiplié sa valeur par 120 depuis l'an 2000. Les entreprises du secteur de la santé ont aussi grandement participé à l'essor du NASDAQ ces dernières années.

- Avec Bloomberg