La tendance baissière des prix des matières premières s'est transformée en déroute au cours des premières semaines du mois d'octobre, alors qu'un vent de panique a soufflé sur les marchés financiers. Les investisseurs boursiers ont rapidement retrouvé confiance, mais les cours de plusieurs ressources, comme le pétrole, continuent de reculer pour atteindre des creux de plusieurs années. Réaction exagérée, selon le service des études économiques de Desjardins, qui continue de miser sur une remontée des prix grâce à une demande plus robuste au cours des prochains trimestres, notamment pour le pétrole.

Coup d'oeil sur l'allure de différentes matières premières.

Pétrole

Les cours pétroliers ont continué de diminuer au cours des dernières semaines, ce qui a ramené le WTI et même le Brent au-dessous de 80$US le baril pour la première fois en quatre ans. Selon François Dupuis, économiste en chef de Desjardins, l'évolution prévisible de l'offre et de la demande mondiale de brut laisse toutefois entrevoir l'élimination des surplus qui auraient pu faire baisser davantage les prix. Il prédit ainsi une remontée graduelle des prix au cours des prochains mois, alors que l'accélération de l'économie mondiale et les prix encore faibles devraient stimuler une demande vigoureuse de pétrole.

Acier

Le prix de référence de l'acier a encore légèrement augmenté ces dernières semaines pour atteindre 460$US la tonne, soit environ le double du niveau observé il y a un an. «On peut toutefois se demander si ce prix reflète bien la situation mondiale alors qu'en Chine, la surcapacité de production d'acier semble exercer des pressions baissières sur les prix», écrit Desjardins. De plus, la tendance des prix du fer, qui entre dans la composition de l'acier, est toujours baissière, et la plupart des analystes prévoient que le prix de ce minerai demeurera faible au cours des prochaines années.

Aluminium

Secoué en octobre, le prix de l'aluminium est remonté récemment au-dessus de 2000$US la tonne. L'accroissement des ventes d'automobiles aux États-Unis soutient une hausse de prix de plus de 15% depuis un an. La production d'aluminium en dehors de la Chine étant en baisse, l'accroissement de la demande d'aluminium a fait fondre d'environ 20% les stocks d'aluminium depuis le début de l'année. La grande question, selon Desjardins, est maintenant de savoir si des exportations chinoises combleront la tendance baissière des réserves. Plusieurs analystes en doutent, alors que le marché chinois ne semble pas en position d'importants surplus.

Or

Une nouvelle poussée du billet vert a fait chuter le prix de l'or à son plus bas niveau en plus de quatre ans. L'augmentation importante des achats d'or par la Russie et l'approche d'un référendum en Suisse le 30 novembre pour forcer la banque centrale de ce pays à augmenter ses réserves le soutiennent autour de la barre des 1200$US l'once. Desjardins prévoit que la divergence grandissante entre les politiques monétaires continuera toutefois de favoriser le dollar américain l'an prochain.

La diminution de l'offre devrait permettre de maintenir le prix de l'or au-dessus des 1000$US l'once, prévoit-on.

Bois d'oeuvre

Le prix du bois d'oeuvre a reculé de 5% depuis la fin de septembre. Pour les producteurs canadiens, cette baisse est compensée par l'appréciation du dollar américain par rapport au huard. Selon François Dupuis, économiste en chef de Desjardins, les signaux positifs en provenance de l'économie américaine, où la confiance des consommateurs semble profiter de la chute des prix de l'essence, permettent d'espérer une remontée des prix du bois d'oeuvre au cours des prochains trimestres.

«De plus, la confiance des constructeurs américains de maisons est remontée à un niveau intéressant en novembre», note-t-il encore.