Toute moyenne statistique a ses lacunes. Ainsi, à un cheveu de son record historique, l'indice global Standard & Poor's 500 cache des performances sectorielles et individuelles beaucoup moins reluisantes.

L'indice des 500 plus belles valeurs de Wall Street s'est approché davantage de son record de clôture du 9 octobre 2007, hier. À 1554,52, 11 points seulement le séparent de la cible. Cela pourrait survenir aujourd'hui ou demain si la tendance se maintient.

> Graphique du S&P 500

Grandement attendu par les investisseurs qui n'ont pas été convaincus par le sommet de l'indice Dow Jones, jugé trop élitiste avec ses 30 composantes seulement pour refléter l'économie américaine dans sa globalité, le record du S&P 500 se veut nettement plus représentatif d'un marché haussier prêt à repousser les frontières. Il effacera avec assurance les traces de l'éclatement de la bulle immobilière et de la débandade financière qui s'ensuivit. Quant au Nasdaq, il est encore à près de 40% du sommet atteint en mars 2000, avant l'explosion de la bulle internet.

Toutefois, des écarts énormes séparent ici gagnants et perdants. En y regardant de plus près, au-delà d'un roulement de secteurs, on constate une réelle mutation de l'indice global ces cinq dernières années et demie.

Difficile pour l'assurance et le divertissement

Certains sous-indices du S&P (on en compte 154 au total) ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes. C'est le cas des sous-indices des fournitures de soins de santé, de l'assurance multirisque ainsi que de celui de l'épargne et des prêts hypothécaires avec des pertes de valeur allant de 80 à 96% depuis le 9 octobre 2007. Les secteurs de l'aluminium, des services éducatifs et du divertissement à domicile ainsi que les fiducies de revenus industrielles ont également effacé plus des trois quarts de leur valeur en 65 mois.

En revanche, les sous-indices des établissements de soins de santé, des services internet, des produits chimiques spécialisés, des magasins de vêtements, de la distribution, les chemins de fer et les radiodiffuseurs ont plus que doublé ces dernières années. Le secteur des concessionnaires automobiles a pour sa part triplé de valeur. Même les chemins de fer et les radiodiffuseurs reviennent au goût du jour avec des hausses boursières de près de 94%.

Sous la loupe

Parmi les titres-vedettes, le service Netflix de cinéma à la carte et le voyagiste en ligne Priceline ont ainsi presque octuplé leur valeur depuis le dernier sommet du S&P 500, suivant en cela l'essor du commerce électronique. Les sociétés pharmaceutiques Perrigo et Alexion Pharma valent pour leur part cinq fois plus qu'il y a cinq ans et demi. Les détaillants à bas prix Ross Stores et Dollar Tree figurent également parmi les 10 titres s'étant le plus appréciés depuis le dernier sommet du S&P 500. La hausse du Dow Jones depuis 2007 était pour sa part principalement attribuable à la performance d'IBM, McDonald's, Home Depot et Walmart.

Ces succès cachent les misères persistantes des grands argentiers américains. Le géant de l'assurance American International Group, le courtier escompteur E*Trade et la banque d'affaires Citigroup sauvée de la faillite en 2008 ont perdu plus de 90% de leur valeur depuis octobre 2007. La banque américaine Regions Financial et le géant financier Bank of America affichent aussi 2 des 10 pires performances du club S&P.

On peut aussi lire dans ce palmarès le déclin des producteurs de ressources naturelles, comme Alcoa et US Steel, avec la décroissance de la demande chinoise, les difficultés commerciales de certains magasins de grandes surfaces, à l'exemple de J.C. Penney, et les risques liés aux nouvelles technologies démontrés par First Solar et Advanced Micro Devices.

Plusieurs des entreprises composant l'indice global de Wall Street, qui ne discrimine pas entre les valeurs de la Bourse de New York et de la Bourse électronique Nasdaq, avoisinent leur plus bas niveau des 52 dernières semaines. C'est le cas pour le promoteur immobilier AvalonBay Communities, le producteur aurifère Newmont Mining, la chaîne de magasins J.C. Penney citée plus haut et, bien entendu, le géant informatique Apple qui ne cesse de décevoir ses porteurs d'actions.

L'indice S&P 500 affiche un rapport cours/bénéfices de 15,4 fois et un rendement en dividendes de 2,1%. Les entreprises représentées s'apprêtent à verser plus de 300 milliards en dividendes cette année, 6% de plus que l'an passé.