Les actionnaires et les fidèles d'Apple (AAPL) doivent-ils se préparer à une année beaucoup plus difficile en 2013? Peut-être bien, car même si le prix de l'action est encore à la hausse de 35% depuis janvier, le titre semble plus sensible que jamais à toute nouvelle négative.

Mercredi, la firme de compensation COR Clearing a entraîné une baisse de plus de 6% du cours de l'action, la plus forte en quatre ans, en annonçant qu'elle haussait ses exigences de marge de 30 à 60%.

Cette mesure augmente le montant de capital que les investisseurs doivent maintenir dans leurs comptes pour détenir une position dans le titre d'Apple.

Cette chute du prix de l'action d'Apple au cours des derniers jours est des plus inquiétantes, selon Dennis Mark, analyste technique chez Financière Banque Nationale.

«Apple semble être en train de compléter une formation de sommet», dit-il. Dans le jargon de l'analyse technique, cela signifie que le titre a probablement touché son sommet à moyen terme.

Déjà, cette année, le titre avait connu deux replis significatifs. D'abord en avril, alors qu'il a reculé de 17% avant de s'arrêter à 525$US.

Puis, en septembre, alors qu'après avoir atteint un nouveau sommet à 700$US, un nouveau repli s'est amorcé au moment même où la firme a lancé l'iPhone 5.

Le titre a alors perdu 25% de sa valeur, tombant du même coup sous sa moyenne mobile de 200 jours, pour s'arrêter à nouveau à 525$US.

La reprise à la mi-novembre a permis au titre de remonter jusqu'à 600$US, mais il s'est alors buté à sa moyenne mobile de 200 jours pour ensuite retomber en quelques jours jusqu'à 518$US lors de l'ouverture des négociations hier. Il a clôturé la séance à 547,28$US.

Les analystes techniques attachent beaucoup d'importance à la moyenne mobile de 200 jours. Elle constitue un des meilleurs indicateurs de la tendance à moyen terme d'un titre. On considère que le prix de l'action est dans une tendance à la hausse lorsqu'il se négocie au-dessus de cette moyenne mobile, et que celle-ci est ascendante. Apple est dans la situation inverse.

«L'action se négocie présentement 10% en bas de sa moyenne mobile de 200 jours, alors celle-ci est maintenant plate et risque de s'incliner bientôt vers le bas», note Dennis Mark. «Cela place le titre dans une position vulnérable», ajoute-t-il.

Des vents contraires

Apple fait face à plusieurs problèmes fondamentaux, selon Henry Blodget, analyste techno et internet réputé. Principalement, l'entreprise se trouve dans un cycle de production difficile dont la conséquence sera qu'elle ne présentera pas de nouveaux produits pour plusieurs mois à venir, expliquait-il hier en entrevue à la chaîne CNBC.

Cela est d'autant plus inquiétant que l'histoire démontre que l'action d'Apple connaît ses meilleurs moments lorsque de nouveaux produits sont sur le point de faire leur entrée. On n'a qu'à se rappeler de la frénésie entourant l'arrivée de l'iPhone 5 et l'iPad Mini qui avait poussé le titre à un nouveau sommet en septembre.

De plus, la concurrence est plus féroce que jamais, et Apple semble perdre des parts de marchés. Selon les dernières données d'International Data Corp, Apple représentera 53,8% du marché de l'iPad cette année comparativement à 56,3% l'année dernière.

La plateforme Android de Google accapare déjà 43% des livraisons de tablettes cette année. Apple devra-t-elle réduire ses prix, et ainsi réduire ses marges bénéficiaires?

Quant au téléphone intelligent, la lutte est ouverte entre Apple et Samsung, sans compter que Research in Motion réussira peut-être une percée avec son BlackBerry 10 au cours des prochains mois.

Un des risques d'investir dans des entreprises du secteur de la technologie réside dans le fait que l'innovation peut à tout moment renverser les technologies existantes et bouleverser le modèle d'affaires, explique Mark Lin, gestionnaire du fonds CIBC Global Technology.

«Steve Jobs était au coeur de l'innovation chez Apple. On ne réussira peut-être jamais à le remplacer», dit-il.