Douche froide au lendemain de la réélection du président démocrate Barack Obama et le renouvellement d'un Congrès divisé. Les marchés ont chuté brutalement, hier, devant le risque que les élus ne puissent s'entendre pour régler la crise budgétaire imminente. En clôture, les grands indices affichent tous des reculs de plus de 2%. Le Dow Jones abandonne 312,9 points à 12 932,7 points, l'indice global S&P 500 recule de 33,9 points à 1394,5 et le Nasdaq, à dominante technologique, cède 74,6 points à 2937,3. Les chutes sont marquées tant pour les Google, Apple, Microsoft et Facebook, malgré la grande activité sur les médias sociaux et les lancements de tablettes.

Les banques frappées

Les banques ont été les plus durement frappées alors que le «mur fiscal» se matérialise. La Bank of America, encore hantée par la crise des subprimes, et la firme JPMorgan Chase ont abandonné 6,4% et 5,2% de leur valeur, respectivement, hier, devant la possibilité d'une nouvelle crise financière.

«Il va y avoir une période d'incertitude pendant laquelle nous allons passer de la politique aux tâches énormes qui attendent, a expliqué lors d'une conférence téléphonique Paul Taylor, responsable des investissements chez BMO Gestion d'actifs. Je pense que la vraie question est de savoir jusqu'à quel point le président pourra tendre la main aux républicains pour relever le défi du mur fiscal.

Faute d'accord politique dans les deux prochains mois, des baisses draconiennes de dépenses et d'importantes hausses d'impôts entreront en vigueur automatiquement le premier janvier, au risque de replonger les États-Unis en récession et mettre à mal la croissance mondiale. Seul lot de consolation pour les investisseurs anxieux: le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, dont le candidat républicain n'avait pas caché vouloir se séparer, en cas de victoire, reste en place.

Le mandat de Bernanke

Avec M. Obama reconduit, le mandat de M. Bernanke sera vraisemblablement renouvelé en janvier 2014 et sa politique monétaire accommodante devrait atténuer d'éventuelles mesures de restriction budgétaire, estiment les économistes de la firme japonaise Nomura Securities. Pour Hugh Johnson, de la firme Hugh Johnson Advisors, il est réconfortant d'«avoir un historien à Washington» en la personne de M. Bernanke, spécialiste reconnu de la Grande Dépression traversée par les États-Unis à la suite du krach boursier de 1929.

Le piège de l'austérité

«Il faut se rappeler les années 1937 et 1938 et comprendre que l'on ne peut pas tomber dans le piège de l'austérité budgétaire, d'une hausse d'impôts et d'une baisse des dépenses en ce moment», ajoute l'expert en entrevue à l'Agence France-Presse.

L'or ressert d'ailleurs comme un des rares gagnants de cette journée postélectorale et c'est sur la Bourse de Toronto que l'on peut constater l'effet indirect du battage de la planche à billets américaine. La bonne tenue des Barrick et Goldcorp a permis de réduire les pertes du jour de l'indice global S&P TSX à un peu plus de 1% à 12 230,6.

Par contre, les valeurs pétrolières canadiennes ont reculé même si les responsables de l'industrie des hydrocarbures espèrent voir M. Obama permettre au projet de pipeline Keystone XL d'aller de l'avant. L'opérateur TransCanada (-2,5%) a publié un communiqué dans lequel il dit croire que le projet sera approuvé. Le président et chef de la direction de la pétrolière Enbridge (-1,8%) a de même déclaré aux investisseurs, lors d'une conférence téléphonique, qu'il ne croyait pas que l'issue du scrutin changerait grand-chose.