Les titres bancaires canadiens n'ont guère bronché à la Bourse lundi, malgré le dur jugement porté vendredi par Standard&Poor's.

L'agence de cotation a abaissé de «stables» à «négatives» les perspectives de sept institutions financières canadiennes, dont cinq banques, en raison du prix élevé des maisons et de l'enflure des dettes des consommateurs au pays.

Or, les cours des institutions visées sont pratiquement inchangés à la fermeture: Banque Scotia (52,22$, en hausse de 20 cents), Banque Royale (51,75$, +2 cents), Banque Nationale (74,79$, +4 cents), Banque Laurentienne (47,38$, +8 cents), Banque Toronto-Dominion (79,03$, en baisse de 45 cents), Home Capital Group (45,35$, -12 cents).

La liste comprenait aussi la coopérative financière Central 1 Credit Union, qui n'est pas cotée. En général, les cours des titres bancaires ont suivi le marché. Sans plus d'inquiétudes.

La mise en garde de Standard & Poor's et la réaction des marchés rappellent l'avertissement qu'avait adressé la même agence aux banques américaines Bank of America et Citigroup en février 2010 en raison d'incertitudes quant à la volonté des États-Unis de continuer à soutenir le secteur financier.

Encore là, le marché avait plutôt bien réagi. Ces deux titres, en retrait depuis le début de l'année, s'en sont même trouvés ragaillardis dans les semaines suivantes.

Réactions molles également en novembre dernier, quand S&P a abaissé la note des Bank of America, Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Morgan Stanley, Citigroup et Wells Fargo.

Les actions de ces grandes banques américaines sont demeurées pratiquement inchangées lors des échanges électroniques suivant la clôture de la séance officielle.

Rien à voir donc avec la débâcle mondiale causée par la même agence quand elle avait dégradé la note de crédit des États-Unis de AAA à AA+, il y a presque un an maintenant. À Wall Street, le Dow Jones avait alors perdu 634 points, à 10 809 points.

L'onde de choc avait même gagné Toronto, où l'indice TSX abandonna près de 500 points.

«S&P et les autres agences d'évaluation de crédit sont devenues beaucoup plus proactives dans leur évaluation du système bancaire mondial», note Adrian Miller, directeur de la stratégie du marché mondial à la firme GMP Securities de Toronto.

«Une perspective négative n'annonce pas une décote imminente. C'est seulement un avertissement indiquant que, si la situation continuait à se détériorer, un déclassement pourrait survenir, peut-être dans les 6 à 12 prochains mois.»

Standard&Poor's a modifié ses critères de notation pour les banques, à la fin de l'année dernière, afin de tenir compte des leçons de la crise financière mondiale.

Les agences de notation financière avaient été très critiquées pour avoir accordé de très bonnes notes avant la crise à des obligations financières très risquées et pour n'avoir pas prévenu les investisseurs de l'imminence de défaillances comme celle de Lehman Brothers en 2008.

L'environnement macroéconomique est désormais au coeur de la note des banques et l'analyse des capitaux et des risques a été affinée.

Les banques canadiennes demeurent par ailleurs parmi les plus sécuritaires au monde, selon le Forum économique mondial.

La CIBC, la Toronto-Dominion, la Nationale et la Royale occupent notamment 4 des 10 premières places dans le classement annuel du magazine Bloomberg Markets des banques les plus solides du monde, publié en mai.

De même, six d'entre elles se retrouvaient en bonne position dans le palmarès World's 50 Safest Banks 2011 du magazine américain Global Finance, basé notamment sur la cotation de S&P, Moody's et Fitch.

La Banque Royale arrive en tête des institutions financières nord-américaines, selon ce classement, suivie de près par la Banque TD (13e) et la Banque Scotia (18e).

Le Mouvement Desjardins y occupe la 20e place tandis que BMO Groupe financier et la Banque CIBC occupent respectivement les 30e et 31e positions.

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