L'entreprise torontoise Research in Motion (RIM) (T.RIM) a effacé plus d'un milliard de dollars en valorisation boursière, hier. Le titre, qui figure parmi les plus actifs de la session avec plus de 8,4 millions d'actions brassées à Toronto seulement, a cédé 20% de sa valeur à 3,9 milliards de dollars. RIM a dégringolé dès les premières heures pour finir la séance à 7,54$ pièce, non loin de son creux de la journée et 1,92$ en moins par rapport par rapport aux 9,46$ affichés à la fermeture jeudi. C'était avant l'annonce de résultats financiers désastreux.

Des analystes n'hésitent pas à envisager un scénario de faillite même si l'entreprise est toujours riche de 2 milliards en caisse et a dans sa manche une nouvelle génération de téléphone intelligent, le BlackBerry 10, maintenant attendu pour le premier trimestre de 2013.

«Nous croyons que l'entreprise doit être prudente avec ses liquidités au risque de faire face à la banqueroute», de commenter Shaw Wu de la firme d'analyse américaine Sterne, Agee & Leach. L'analyste note tout de même un élément positif dans les derniers résultats financiers de RIM: les activités américaines, qui comptent pour le quart des recettes, montrent des signes de stabilisation après six trimestres de recul. Les services aux entreprises sont également en légère progression.

«Ça va tellement mal que je suis presque bouche bée. Outre le potentiel offert par le scénario de démantèlement de l'entreprise, il n'y a pas une seule autre raison de détenir ce titre», affirme l'analyste Richard Tse, de Cormark Securities, dans une note de recherche envoyée à ses clients. Alexander Peterc d'Exane BNP Paribas qualifie les derniers résultats de «désastreux» et «extrêmement décevants». Plus décevant encore est le report du lancement du BB10, écrit-il.

La déception des analystes financiers est manifeste. Ils sont maintenant 18 à recommander carrément la vente du titre, 28 conseillent de le détenir et deux seulement sont acheteurs au niveau de prix actuel, selon Bloomberg. Avant la publication des résultats, l'agence d'informations financières recensait 29 recommandations d'analystes en faveur d'un maintien de position,15 vendeurs et quatre acheteurs.

À la Financière Banque Nationale, Kris Thompson laisse tomber sa recommandation de vente et suggère dorénavant de conserver le titre parce que la valeur comptable de RIM soutient sa cible de 8$. Il ajoute que c'est peut-être le temps pour les vendeurs à découvert de commencer à couvrir leur position.

Le fleuron canadien n'est plus que l'ombre de lui-même après avoir dévissé de près de 95 p. cent par rapport à son sommet boursier à l'été 2008. Le titre a abandonné plus des deux tiers de sa valeur au cours des 12 derniers mois seulement.

Research in Motion a annoncé jeudi la suppression de 5000 emplois à travers le monde, soir près du tiers de ses effectifs. Le fabricant du téléphone BlackBerry espère ainsi sauver 1 milliard alors que les pertes se creusent dangereusement. Le premier trimestre du nouvel exercice s'est soldé par un déficit de 518 millions US, soit presque un dollar par action.