Les places financières creusaient leurs pertes jeudi, dans un marché toujours dominé par l'instabilité politique en Grèce et son avenir au sein de la zone euro, le résultat d'une émission de dette espagnole ajoutant à la pression des investisseurs.

En l'absence de nombreux investisseurs pour cause de jour férié dans plusieurs pays européens, les Bourses étaient fébriles. Vers 7h30 (heure de Montréal), après avoir ouvert en hausse, le marché parisien inversait la tendance et le CAC 40 perdait 1,31%, tout comme celui de Francfort qui reculait de 0,69%. Londres baissait de 1,14%, Madrid de 1,61% et Milan de 1,92%.

La veille, les principales places financières, y compris Wall Street, avaient terminé dans le rouge, déjà plombées par la situation grecque.

Pourtant, après dix jours de tractations politiques infructueuses pour former un gouvernement de coalition, un exécutif «de service» a été nommé jeudi à Athènes pour expédier les affaires courantes et préparer un scrutin législatif, le deuxième en moins de deux mois.

Cette annonce permettait à l'euro de se stabiliser face au dollar, au lendemain d'un plus bas depuis quatre mois. Vers 6h00, la devise européenne valait 1,2714 dollar.

En Asie, les marchés ont quelque peu profité de cette accalmie pour se redresser, tirés par des achats opportunistes. À la clôture, Tokyo a gagné 0,86%, Shanghai 1,39% et Séoul 0,26%. En revanche, la situation grecque a pesé sur Hong Kong qui a fini en baisse de 0,31%.

«La Grèce reste au centre des préoccupations des investisseurs et aucun mouvement de fond ne peut être instauré», tant que les incertitudes vont perdurer sur l'avenir de ce pays et son maintien dans la zone euro, a commenté jeudi le courtier IG Market, ajoutant que «les nombreuses rumeurs qui envahissent les marchés maintiennent un climat d'extrême tension».

Les dernières élections en Grèce ont vu la montée en puissance des partis anti-austérité et leur possible accession au pouvoir pourrait remettre en cause l'avenir du pays au sein de la zone euro.

Dans ce contexte, les marchés sont très vulnérables à toutes les rumeurs et prennent peur facilement.

Ainsi, une émission de dette espagnole très attendue par les investisseurs a permis à Madrid d'emprunter jeudi 2,494 milliards d'euros à 3 à 4 ans, dans le haut de la fourchette visée, mais à des taux d'intérêt en forte hausse (4,375% à 5,106%).

Cette émission est considérée «comme un indicateur des risques de contagion que tout le monde craint désormais» pour le reste de la zone euro, notait Anita Paluch du cabinet Gekko.

Le pays suscite à nouveau, depuis quelques semaines, l'inquiétude des investisseurs, qui doutent de sa capacité à réduire son déficit public alors qu'il doit venir en aide à ses régions et à son secteur bancaire, tous deux fragilisés depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008.

Signe de ces préoccupations, la prime de risque espagnole (surcoût que doit payer l'Espagne pour emprunter à dix ans, par rapport à l'Allemagne, considérée comme référence) a atteint mercredi un nouveau record historique, à 507 points.

Jeudi vers 6h00, elle restait à un niveau élevé avec un taux espagnol toujours au-dessus de la barre symbolique de 6% (6,258%), contre un rendement de 1,452% pour les obligations allemandes à 10 ans.