Les marchés sont restés de marbre lundi après la dégradation de neuf pays européens par l'agence de notation Standard & Poors, dont la France qui a perdu son triple A, une décision anticipée mais qui vient rappeler que la crise dans la zone euro est loin d'être réglée.

L'agence Moody's a contribué à ce calme des investisseurs en épargnant, pour le moment, la note AAA de la France, la meilleure note possible, dans un rapport attendu depuis mi-octobre.

Moody's prolonge toutefois l'examen de la perspective, actuellement «stable» de cette notation, renvoyant sa décision sur ce point dans le courant du premier trimestre 2012. Cela signifie qu'elle n'envisage toujours pas d'abaisser la note de la France, du moins dans l'immédiat, même si elle juge le triple A «sous pression».

Pour son premier test sur les marchés depuis la décision de SP, la France n'a eu aucun mal à lever 8,59 milliards d'euros à court terme lundi après-midi à des taux en baisse et avec une forte demande des investisseurs.

Les prochaines émissions de dette en zone euro seront scrutées, à commencer par un emprunt à long terme du Trésor français jeudi.

La dette de la France est «un investissement qui ne comporte aucun risque», a assuré lundi le ministre français des Finances François Baroin.

«Sur le fond des choses (la dégradation) ne change rien», a pour sa part jugé le chef de l'État français, Nicolas Sarkozy, depuis Madrid, où il était reçu par le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy. Il a également confirmé le report en février de sa rencontre prévue vendredi à Rome avec le président du conseil italien Mario Monti et la chancelière allemande Angela Merkel.

Les places boursières, un moment en repli, ont toutes terminé en Europe dans le vert. La Bourse de Paris a ainsi clôturé en hausse de 0,89%, Francfort de 1,23%, Milan de 1,4% et Londres de 0,37% tandis que Madrid est restée stable à -0,01%.

Cette relative sérénité des investisseurs s'expliquait également par la fermeture des marchés américains lundi en raison d'un jour férié.

La tension dans la zone euro reste néanmoins élevée avec la Grèce, revenue sur le devant de la scène, où le risque de défaut de paiement incontrôlé s'est accru.

Pour l'heure suspendues, les négociations avec les banques sur l'effacement de la moitié de la dette grecque qu'elles détiennent, doivent reprendre mercredi. Le premier ministre grec Lucas Papademos s'est néanmoins dit «confiant» dans la conclusion «à temps» d'un accord avec les créanciers privés, sur la chaîne américaine CNBC.

Signe de ces tensions persistantes, les banques ont déposé 493,27 milliards d'euros auprès de la Banque centrale européenne (BCE) ce week-end, un nouveau record absolu.

L'euro de son côté était stable après avoir légèrement baissé lundi. Vers 18h00 (10h00 à Montréal), l'euro valait 1,2675 dollar contre 1,2677 dollar vendredi soir.

Comme les places boursières, le marché de la dette des États en Europe était quasiment stable lundi matin, témoignant du calme des investisseurs.

La décision de SP fait figure de piqûre de rappel pour la zone euro, alors que les premières émissions de dette de l'année, ainsi que les prêts exceptionnels aux banques de la BCE avaient rassuré et redonné un peu d'espoir.

La conséquence la plus immédiate concerne le Fonds européen de stabilité financière (FESF), principal outil pour venir en aide aux pays en difficulté et qui emprunte à bon compte grâce à son triple A.

Cette note ne tient plus qu'à un fil après la dégradation de la France, un des plus gros contributeurs du FESF, alors que plusieurs pays s'interrogent désormais sur son renflouement, d'autant plus que l'Allemagne refuse de remettre au pot.