Le plan bouclé in extremis par les dirigeants européens pour tenter de sortir de la crise de la dette a galvanisé jeudi les Bourses mondiales, portées par l'envol des valeurs bancaires.

Euphoriques, les Bourses européennes ont accéléré leur rythme de progression au fil de la journée et ont clôturé toutes en forte hausse. Paris a pris 6,28%, Francfort 5,35%, Londres 2,89%, Milan 5,49% et Madrid 4,96%.

«Il y a un cadre validé par les dirigeants européens. Pour le moment, c'est ce que voulait entendre le marché», a résumé Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse.

Le soulagement était aussi palpable à Wall Street: l'indice vedette Dow Jones a gagné 2,86%, passant la barre des 12.000 points pour la première fois depuis le 1er août.

Outre-Atlantique, la publication d'une croissance économique américaine meilleure que prévu au troisième trimestre est venue s'ajouter à la bouffée d'oxygène apportée par les mesures décidées à Bruxelles.

«Désormais, les astres sont alignés pour que la hausse aille loin», s'est enthousiasmé Frederick Dickson, analyste de DA Davidson.

«Les marchés américains vont maintenant pouvoir déplacer leur attention», a ajouté Gregori Volokhine, de Meeschaert Capital, pronostiquant que «d'ici un ou deux jours on ne parlera plus de l'Europe».

Malmenés depuis des semaines, les titres des banques ont été plébiscités par les investisseurs: à Paris, BNP Paribas a grimpé de 16,92%, Crédit Agricole de 21,96% et Société Générale de 22,54%.

À Londres, Barclays a bondi de 17,58% et Royal Bank of Scotland (RBS) de 10,05%. Même tendance à Milan où Intesa Sanpaolo gagnait 10,09% et UniCredit 7,49%.

«Les banques et les assurances sont les moteurs de la progression des marchés. C'est la preuve que les investisseurs sont soulagés par le fait qu'un accord a été trouvé» à Bruxelles, a commenté Joshua Raymond, analyste chez City Index.

La zone euro était parvenue dans la douleur à boucler jeudi au petit matin un plan anticrise censé assurer sa survie.

Un accord a d'abord été conclu avec les banques qui porte sur un renoncement de 50% de leurs créances, soit cent milliards d'euros sur un total d'endettement public du pays de 350 milliards d'euros.

En échange de l'effort demandé au secteur bancaire, un accord a été trouvé pour recapitaliser les établissements qui en auraient besoin.

Au-delà, les responsables européens ont décidé de démultiplier la puissance de feu de leur Fonds de secours financier pour les pays en difficulté en la portant à 1000 milliards d'euros dans un premier temps.

Cette enveloppe doit permettre d'éviter que la crise de la dette ne gagne l'Italie et l'Espagne.

L'accueil avait également été très favorable en Asie, la Bourse de Tokyo terminant sur une ascension de 2,04% et celle de Hong Kong de 3,26%.

«Les dirigeants ont réussi à offrir des solutions structurantes sur tous les points clés pour protéger la zone euro et permettre une sortie par le haut de la crise de la dette», ont commenté les analystes de Crédit Mutuel-CIC.

«Nous déplorons que les mesures annoncées soient plus des engagements ou des volontés, ce qui nécessitera d'importantes précisions dans les mois à venir», ont-ils toutefois nuancé.

Cet accord «incomplet» est néanmoins pour l'instant largement «suffisant» aux yeux des marchés, a estimé le courtier Aurel BGC.

L'euro et le pétrole ont également largement profité de cet enthousiasme.

L'euro a ainsi atteint en fin de journée jeudi 1,4248 dollar pour la première fois depuis le 6 septembre. Il valait vers 21h GMT (17h) 1,4192 dollar, contre 1,3908 dollar mercredi à la même heure.

Le pétrole se renchérissait aussi fortement, le baril ayant pris 4% à New York à 93,96$.