Qui est Alessio Rastani? C'est ce que la presse internationale s'est demandé après son intervention sensationnelle de lundi à la BBC. L'homme aux cheveux gominés personnifiait, avec une insouciance choquante, le cliché du courtier qui convoite les krachs boursiers et se moque de l'état de l'économie mondiale.

On a découvert le pot aux roses. Le Londonien n'est pas l'auteur d'un canular. Mais il n'est pas plus un courtier qualifié. Le Daily Telegraph a révélé hier que son expertise n'est pas de haut calibre, causant l'embarras de chroniqueurs respectés qui avaient avalisé son analyse brutale de la crise de l'euro.

Le quotidien ne lui a trouvé aucune expérience professionnelle dans les chic gratte-ciel de la City. Et son nom ne figure pas dans les registres de la Financial Services Authority, agence qui réglemente la profession de courtier.

D'origine italo-iranienne, le boursicoteur n'a investi que son argent depuis quatre ans. Avec de piètres résultats: 17 000$ de pertes nettes.

Sa modeste maison en banlieue de Londres, d'où il suit les marchés financiers, est au nom de sa compagne. Même s'il n'a pas reçu les lettres de noblesse de sa «passion», il enseigne le fonctionnement de la Bourse à des gens qui cherchent à s'enrichir rapidement.

De son propre aveu, Alessio Rastani, qui prétend avoir appris des meilleurs courtiers, aime être sous les projecteurs. «C'est la BBC qui m'a fait signe, a-t-il expliqué au Daily Telegraph. J'aime attirer l'attention. La Bourse, c'est un passe-temps. Ce n'est pas un travail. Je suis un orateur. J'adore parler en public.»

La BBC embarrassée

Pas de canular, donc, mais un épisode embarrassant pour la BBC, accusée d'avoir fermé les yeux sur le peu d'expérience de son invité. «Les producteurs soi-disant sérieux sont devenus si désespérés pour les cotes d'écoute qu'ils empruntent des tactiques de la télévision de bas étage», a écrit Amanda Platell, chroniqueuse vedette du Daily Mail.

La crédibilité de Robert Peston, réputé économiste de la BBC, a également souffert des suites du passage d'Alessio Rastani sur les ondes. «Il dit ce que des courtiers me racontent en privé», avait-il publié sur Twitter, mardi matin, pour se porter à la défense de ses patrons.

Il a admis sa naïveté sur le réseau social plus tard dans la journée: «Je ne sais pas pourquoi ni comment il a été invité sur le plateau.»