La Ville de Montréal a décidé d’aller de l’avant avec la modification de zonage de la tour 6 du Square Children de 20 à 4 étages, malgré l’avis défavorable rendu par l’Office de consultation publique de Montréal. Ce faisant, elle laisse plus de 6 millions sur la table.

Le changement de zonage rend virtuellement impossible à l’avenir la réalisation de logements sociaux sur ce site, avait d’ailleurs indiqué l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) dans son rapport rendu public le 29 août.

Le changement de zonage était prématuré et inopportun parce qu’il n’était associé à aucun projet, jugeait l’OCPM dans son rapport.

La Ville rejette l’avis de l’Office d’un revers de main.

« Avec égards pour l’OCPM, la modification réglementaire est jugée utile et pertinente, et n’est pas prématurée, lit-on dans le sommaire décisionnel accompagnant la résolution qui modifie le règlement […] Sans cette composante sociale [les logements sociaux], le projet doit être équilibré. L’ensoleillement des espaces communs du site, préserver des vues et l’harmonie architecturale avec la Maison des infirmières, deviennent des considérations prépondérantes qui justifient la modification réglementaire de zonage. »

Dans une déclaration écrite, Robert Beaudry conseiller municipal et membre du comité exécutif, parle de contrat social. « Le changement réglementaire que nous avons adopté en septembre, nous l’avons fait pour respecter le contrat social que nous avons envers les citoyens, dit-il. Ce contrat a été clairement exprimé lors des consultations de 2017, et à nouveau lors des dernières consultations de l’OCPM. La population veut un centre-ville où les familles peuvent se loger à l’intérieur de leurs moyens. Le retrait du projet de logements sociaux ne respecte pas cette attente des citoyens. Dans ce contexte il a été décidé de revenir à la position du rapport de l’OCPM de 2017 qui recommandait le retranchement d’une tour afin de dégager l’implantation au sol et améliorer l’ensoleillement du site. »

L’opposition à l’hôtel de ville a voté contre le règlement.

On était tout à fait en accord avec l’OCPM. On trouve déplacé de la part de l’administration d’aller de l’avant avec l’adoption de ce règlement en faisant fi des recommandations de l’Office. C’est déplorable.

Julien Hénault-Ratelle, porte-parole de l’opposition officielle en matière de développement économique

En vertu du plan de développement du Square Children, une tour de 180 logements sociaux devait être construite sur le site. Le promoteur et la Ville n’étant pas parvenus à s’entendre sur le coût de construction, cette tour n’a jamais vu le jour. En réaction, la Ville a décidé d’abaisser le zonage pour empêcher le promoteur de construire autre chose.

En agissant ainsi, la Ville renonce au versement d’une pénalité de plus de 6,2 millions que doit payer le promoteur High-Rise Montréal. Cette somme aurait pu servir à financer la construction de logements sociaux tant réclamés à Montréal, fait valoir ce dernier.

Comme le précisait le contrat intervenu entre le promoteur et la Ville, le promoteur doit payer une pénalité si les logements sociaux promis ne sont pas livrés.

À noter que le sommaire décisionnel préparé par la Ville à l’intention des élus qui doivent voter le règlement ne fait aucunement mention du renoncement à la pénalité de 6 millions par la Ville ni du fait que le dossier est judiciarisé. L’opposition s’est étonnée de cette omission.

High-Rise poursuit la Ville et la mairesse Valérie Plante pour expropriation déguisée. Il leur réclame plus de 20 millions en dommages.

Le Square Children est un lotissement construit à la place de l’ancien Hôpital de Montréal pour enfants prévoyant six tours d’habitation, la rénovation de l’ancienne Maison des infirmières, la construction d’un centre communautaire et le réaménagement de deux places publiques.

Les locaux pour accueillir le centre communautaire sont prêts, mais la Ville tarde à y aménager le centre. Elle a payé 1 million en loyer dans le vide depuis janvier.