Le prix des maisons est plus élevé que prévu malgré la hausse des taux d’intérêt. Royal LePage révise ses prévisions à la hausse pour 2022 et les fait grimper de 8 % à 12,5 % pour la région du Grand Montréal.

Bond inattendu

Après avoir observé avec une certaine surprise une croissance robuste du prix des maisons, tous types de propriété résidentielle confondus, au premier trimestre de 2022, Royal LePage a dû revoir ses prévisions annuelles. Ainsi, pour le Grand Montréal, l’augmentation prévue atteint 12,5 %, tandis qu’à l’échelle nationale, elle grimpe à 15 %.

« On avait prévu que c’était pour commencer tranquillement à se stabiliser. On ne pensait pas que les prix augmenteraient », affirme au téléphone Dominic Saint-Pierre, vice-président et directeur général de Royal LePage pour le Québec.

L’Étude sur le prix des maisons de Royal LePage présente chaque trimestre des renseignements sur les habitations résidentielles à l’échelle du Canada et dans les 62 plus grands marchés immobiliers au pays. Les données comprennent à la fois celles des propriétés du marché de la revente et celles des nouvelles constructions.

Bientôt 600 000 $

À la fin de l’année 2022, le prix médian, toutes propriétés confondues, devrait passer de 571 400 $ à 599 200 $ pour le Grand Montréal.

Actuellement, le prix médian d’une maison unifamiliale s’élève à 499 800 $ dans la couronne nord, à 580 400 $ sur la Rive-Sud et à 613 800 $ dans Montréal Est. Du côté de Québec, il faut s’attendre à payer 341 400 $ tandis qu’à Sherbrooke, le prix est légèrement plus élevé, soit 342 700 $.

« Il y a tellement peu de propriétés sur le marché, c’est ce qui fait qu’elles restent extrêmement chères. »

18,5 %

Lorsque l’on compare les prix du premier trimestre de 2021 à ceux de 2022, on constate que l’engouement ne se dément pas pour les propriétés en périphérie du centre de Montréal.

Pendant que le prix médian d’une maison unifamiliale sur la Rive-Sud, dans la couronne nord et à Laval a grimpé respectivement de 23,6 %, 23,5 % et 23,3 % d’une année sur l’autre, celui d’une propriété unifamiliale dans le centre de la ville a diminué de 3,5 % sur la base trimestrielle. Une première depuis le début de la pandémie. L’augmentation annuelle a toutefois été de 14,3 %.

Déficit de 40 000 propriétés à vendre

Les transactions de maisons unifamiliales dans la région du Grand Montréal sont en baisse de 18,9 % au premier trimestre de 2022 par rapport au premier trimestre de 2021. Au cours de la même période, les ventes de copropriétés ont reculé de 14,7 %.

« Le marché ralentit parce qu’il y a un manque de propriétés à vendre, affirme Dominic Saint-Pierre. Il devrait y avoir entre 85 000 et 100 000 propriétés à vendre au Québec, comme dans un marché d’il y a 3 et 4 ans. Présentement, on est à moins de 40 000. »

« La demande n’est pas déraisonnablement forte, poursuit-il. Ce qui est déraisonnablement faible, c’est l’offre. »

Le cercle vicieux

Depuis quelques mois, un cercle vicieux s’est installé, explique Dominic Saint-Pierre, parce que beaucoup de vendeurs sont aussi des acheteurs. Alors que, traditionnellement, les Québécois qui souhaitaient changer de maison mettaient en vente leur propriété avant ou au moment de commencer leurs propres recherches, ils craignent désormais de se retrouver le bec à l’eau. Les consommateurs attendent donc d’avoir trouvé la perle rare avant de penser à vendre leur propriété.

« Ce sont toutes des propriétés qui devraient être sur le marché, mais qui ne le sont pas parce que les gens sont hésitants. Ça amplifie le manque d’inventaire et ça va prendre un certain temps avant que ça se résorbe. »

L’expert rappelle que le nombre de maisons à vendre est devenu bas notamment parce que, pendant la pandémie, bon nombre de Québécois ont eu en même temps un changement de besoin d’habitation. Du jour au lendemain, la propriété est devenue l’endroit de travail, d’école et de loisir.

Souplesse suggérée aux vendeurs

Pour pallier ce problème de cercle vicieux, M. Saint-Pierre recommande aux vendeurs de déterminer un délai de prise de possession plus espacé lors de la vente de leur propriété. De cette façon, ils auront suffisamment de temps pour trouver la propriété qui leur convient, avance-t-il, une fois signé l’acte de vente de leur propriété actuelle. Selon lui, un acheteur motivé peut trouver une maison dans un délai de six mois.

« Ce qui est intéressant de cette option, c’est que les consommateurs savent exactement leur budget pour leur prochain achat parce que leur propriété est vendue. »