À l’arrêt depuis l’automne dernier, la mine Renard n’intéressait aucun spécialiste du diamant. Ce sont des intérêts australiens qui se positionnent pour reprendre ce complexe – qui a coûté des centaines de millions aux contribuables – dans le but d’évaluer si l’on peut convertir sa vocation vers le lithium.

Il n’y a eu qu’une offre sérieuse pour les actifs de Diamants Stornoway, révèle le plus récent rapport du contrôleur Deloitte, qui supervise la restructuration judiciaire de cette entreprise sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).

Ce jeudi, Ressources Winsome devrait obtenir le feu vert de la Cour supérieure du Québec pour bénéficier d’une option d’achat de six mois, qui pourrait être prolongée jusqu’en février 2025, au prix de 52 millions – loin des quelque 700 millions de fonds publics engloutis dans le projet diamantifère.

« Il y a quand même beaucoup d’équipement réutilisable à la mine Renard, affirme le directeur des activités canadiennes de Winsome, Carl Caumartin. On se donne six mois pour faire les évaluations et déterminer si l’on peut récupérer les infrastructures de traitement [broyeurs, convoyeurs et concentrateur]. »

On retrouve aussi à la mine Renard des installations de traitement des eaux, un parc de résidus miniers, un camp pouvant accueillir des travailleurs et une installation de production électrique, ajoute M. Caumartin. C’est ce qui rend l’option du changement de vocation attrayante, puisqu’elle pourrait s’avérer moins dispendieuse que la construction d’un nouveau site de traitement.

En décembre dernier, la société minière australienne avait dévoilé une première estimation de ressources minérales qui faisait de son projet Adina, à la Baie-James, le cinquième en importance au Québec dans le créneau du lithium, après ceux de Sayona (à Moblan), Nemaska, Corvette et Arcadium. Le lithium entre dans la fabrication de cathodes, le pôle positif de la batterie lithium-ion que l’on retrouve dans les véhicules électriques. Le gisement de Winsome est situé à une soixantaine de kilomètres au nord du complexe Renard.

À l’arrêt pour longtemps

L’option d’achat qui doit être accordée à Winsome signifie que rien ne laisse entrevoir une relance des activités à court terme, comme La Presse le rapportait1. Stornoway s’était placée à l’abri de ses créanciers le 27 octobre dernier, envoyant au chômage 425 salariés, soit 80 % de son effectif. Le 27 mars dernier, les quelque 520 employés de l’entreprise ont officiellement été licenciés, d’après l’avis envoyé au ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale.

Aménagée sur le territoire d’Eeyou Istchee, dans le Nord-du-Québec, la mine Renard a constamment été aux prises avec des problèmes financiers. Elle avait redémarré en 2020 après une première restructuration judiciaire en vertu de la LACC. Ses actionnaires étaient Osisko, Investissement Québec – le bras financier de l’État québécois –, la Caisse de dépôt et placement du Québec et Triple Flag.

Peu d’intérêt

Le rapport de Deloitte révèle qu’on ne se bousculait pas aux portes pour reprendre le complexe diamantifère. Sur les 68 repreneurs potentiels pressentis par le contrôleur depuis l’automne dernier, seulement deux ont soumis une proposition non contraignante. Winsome a été l’unique société à aller plus loin avec une offre contraignante.

« Cela reflète peut-être la réalité selon laquelle il s’agissait d’un gisement marginal difficile à exploiter », affirme M. Caumartin, en ajoutant que Winsome n’avait pas l’intention d’effectuer une incursion dans le créneau du diamant.

Selon les données de Ressources naturelles Canada, il y avait cinq mines de diamant en activité au pays en tenant compte du complexe Renard.

Stornoway a imputé sa plus récente chute à la dégringolade du prix du diamant de joaillerie. Il s’était effondré en réaction à la concurrence des pierres synthétiques. En mars 2023, le prix du diamant de joaillerie frôlait les 120 $ US le carat. Six mois plus tard, il avait plongé aux alentours de 81,50 $ US. Les prix ont repris du lustre depuis. Mercredi, le prix du carat se négociait autour de 108 $ US.

1. Lisez « L’aventure tire à sa fin »
En savoir plus
  • 2016
    Inauguration de la mine Renard
    Source : diamants stornoway
    2020
    Relance des activités après une première débâcle financière
    Source : la presse