On en rêverait à la maison. La toilette publique extérieure d’Urben Blu nettoie automatiquement sa cuvette à chaque usage et lave son plancher à intervalles de 5 à 20 visites, selon sa programmation.

Dès son atterrissage dans un parc urbain, cette toilette intelligente est véritablement branchée : sur le réseau de distribution d’eau, sur le réseau sanitaire et sur le réseau sans fil. Et non, il n’y a pas de « e » dans l’expression « à l’envi ».

L’innovation

Intelligente et résistante au vandalisme, la toilette extérieure d’Urben Blu ressemble à un petit pavillon, mais elle est entièrement fabriquée en usine.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Urben Blu fabrique des toilettes publiques intelligentes et autonettoyantes dans de petits bâtiments livrés prêts à brancher.

Elle s’inflige un nettoyage récurant et récurrent, entièrement automatisé, qui la libère immaculée en 45 secondes, prête à un nouvel et impatient usage. Chauffé et soigneusement isolé, le cabinet traverse sans peine les plus rigoureux hivers.

Qui ?

Urben Blu a été fondée en 2010 par Marcel Paré, un entrepreneur qui voulait introduire au pays le principe des toilettes autonettoyantes à l’européenne. Devant l’incapacité des composants étrangers à affronter nos hivers, il s’est attaqué à la conception d’une toilette autonettoyante véritablement québécoise, donc résistante au froid. L’homme d’affaires Alain Bolduc s’est joint à lui après une convaincante visite de l’entreprise, à la fin des années 2010.

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Alain Bolduc, vice-président aux ventes et coactionnaire, Urben Blu

On s’est aperçus rapidement que ce n’était pas fait pour le climat nord-américain et on a décidé de refaire la toilette au complet et de la bâtir selon les normes nord-américaines. Toutes les pièces qu’on utilise à l’intérieur de notre bâtiment sont 100 % canadiennes et le bâtiment est fabriqué à 100 % ici, au Québec, à Boisbriand.

Alain Bolduc, vice-président aux ventes et coactionnaire d’Urben Blu

Comment Urben Blu fait sa toilette

La toilette publique d’Urben Blu est offerte avec un ou deux cabinets. La version simple mesure environ 9 pi sur 12 pi (2,8 m sur 3,6 m), le quart de sa superficie étant occupée par une petite salle de mécanique, hors de portée des usagers.

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La salle de mécanique réunit tout l’appareillage et le module de contrôle électronique, hors de portée des usagers.

Le pavillon est construit en usine sur une dalle de béton de 30 cm d’épaisseur, dont le plancher est chauffant. La structure autoportante en acier galvanisé est garnie d’isolant. Son revêtement extérieur peut être personnalisé au gré du client.

Automatisée

« Tous les murs intérieurs sont faits dans un béton ultrarésistant que nous fabriquons dans notre usine », indique Alain Bolduc.

Son lavabo en béton fibré est muni de trois fonctions automatiques sans contact : un distributeur de savon, un robinet et un séchoir à mains.

La poubelle en inox, cachée par la paroi en béton, ne laisse apparaître que son ouverture circulaire. Le papier hygiénique est distribué feuille par feuille par une bouche murale.

Le nettoyage et la désinfection de la cuvette, suspendue au mur, s’effectuent automatiquement après chaque utilisation. Son assise est ensuite séchée par un puissant ventilateur, placé dans la salle de mécanique, qui projette une lame d’air sur sa surface.

Après un certain nombre d’utilisations, fixé par le gestionnaire, six buses disposées en périphérie du plancher projettent de vigoureux jets d’eau sur sa surface. L’eau s’écoule vers un long avaloir qui s’étire à la base d’un mur. La surface est asséchée par la chaleur que dégage le plancher.

Un grand panneau à affichage DEL, à côté de la porte d’entrée, informe l’utilisateur sur l’usage et l’occupation du cabinet, verrouillé durant le nettoyage.

Contrôle et gestion à distance

Les cycles de nettoyage, les heures d’ouverture et l’éclairage sont contrôlés par un module électronique, qui peut être géré à distance sur un cellulaire, une tablette ou un ordinateur.

PHOTO FOURNIE PAR URBEN BLU

Une installation récente au parc des Rapides, à Montréal

« La Ville peut se connecter directement à ce contrôle pour toutes les fonctionnalités et pour avoir les statistiques sur l’utilisation de la toilette », explique Alain Bolduc.

Une nouvelle fonction avise le gestionnaire par courriel lorsque le niveau de savon ou de papier hygiénique est bas.

Le marché

Le prix du pavillon simple avoisine 200 000 $.

« Il n’y a personne actuellement en Amérique du Nord qui fait ce que l’on fait », soutient Alain Bolduc.

« D’ailleurs, on vient de signer une entente avec un gros distributeur américain qui, selon lui, cherchait depuis 30 ans un produit comme le nôtre. On a aussi un distributeur qui s’occupe des provinces de l’Ouest. »

Jusqu’à présent, l’entreprise a livré une centaine de toilettes au Québec, en Ontario et aux États-Unis.

On a environ 25 toilettes dans notre carnet de commandes, qu’on est en train de produire. Notre production annuelle peut atteindre 50 unités dans nos infrastructures actuelles.

Alain Bolduc, vice-président aux ventes et coactionnaire d’Urben Blu

L’avenir

Depuis la retraite de Marcel Paré, Urben Blu est détenue par Alain Bolduc, Pierre Gendron et Sébastien Riopelle. L’entreprise compte une trentaine d’employés, dont une vingtaine à la production.

« Aujourd’hui, on est rendus avec cinq représentants, on couvre les États-Unis et le Canada et on fait de 10 à 15 présentations à de nouveaux clients chaque semaine », indique Alain Bolduc.

Aux États-Unis, la toilette autonettoyante d’Urben Blu présente un intérêt particulier pour les sociétés pétrolières, qui veulent offrir des installations sanitaires propres dans leurs haltes pour routiers.

Urben Blu travaille actuellement avec la société québécoise Solère pour adjoindre à ses toilettes un système de batteries solaires, qui prendrait le relais en cas de panne ou les rendrait entièrement autonomes.

Consultez le site d’Urben Blu