Une toute nouvelle fusée devait décoller dans la nuit de dimanche à lundi, avec à bord le premier appareil américain qui tentera d’atterrir sur la Lune depuis plus de 50 ans – conçu cette fois par une entreprise privée. Un premier pas qui doit relancer une série de missions soutenues par la NASA vers notre satellite naturel.

La NASA mise sur le privé

PHOTO JOE SKIPPER, REUTERS

La fusée Vulcan Centaur du groupe industriel ULA, à Cape Canaveral, en Floride

La fusée Vulcan Centaur (environ 60 m de haut) du groupe industriel ULA, qui regroupe Boeing et Lockheed Martin, devait réaliser son tout premier vol depuis Cap Canaveral, en s’arrachant du sol à 2 h 18 lundi. L’alunisseur, nommé Peregrine, a été construit par la jeune pousse Astrobotic, avec le soutien de la NASA, qui a chargé cette entreprise de transporter jusqu’à la Lune du matériel scientifique – un contrat de 108 millions de dollars. La météo s’annonçait plutôt favorable pour le décollage lundi, mais beaucoup moins les trois jours suivants – dates possibles de repli en cas de report. Si besoin, une autre fenêtre de tir s’ouvrira le 23 janvier.

Près de dômes de lave mystérieux

PHOTO ASTROBOTIC, FOURNIE PAR L’ASSOCIATED PRESS

L’alunisseur Peregrine a été construit par la jeune pousse Astrobotic.

Environ 50 minutes après le décollage, Peregrine doit se séparer de la fusée : Astrobotic mettra alors l’appareil sous tension et tentera d’établir la communication. Si tout va bien, l’alunisseur continuera ensuite sa route vers notre satellite naturel. Une fois en orbite lunaire, la sonde y attendra que les conditions d’éclairage soient réunies pour tenter de se poser. Le lieu d’atterrissage visé est situé sur la face visible de la Lune, près de mystérieux dômes formés par de la lave, mais que les scientifiques peinent à expliquer. Grâce aux instruments expédiés, la NASA doit y étudier la composition de la surface, ainsi que les radiations.

Vers une première pour le privé

PHOTO JORDAN K. REYNOLDS, FOURNIE PAR ASTROBOTIC

L’alunisseur Peregrine dans les installations d’Astrobotic, à Pittsburgh, en Pennsylvanie

Si Astrobotic parvient à se poser sur la Lune comme prévu le 23 février, elle pourrait ainsi devenir la première entreprise à réussir cet exploit. « Mener le retour de l’Amérique sur la surface de la Lune, pour la première fois depuis Apollo, est un immense honneur », a déclaré lors d’une conférence de presse vendredi le patron d’Astrobotic, John Thornton. Il s’est toutefois dit conscient de la difficulté de la tâche et des risques d’échec. Ces dernières années, des entreprises israélienne et japonaise ont tenté d’alunir, mais ces missions se sont soldées par des écrasements. Une mission de l’agence spatiale japonaise (Jaxa) doit également tenter d’alunir dans environ deux semaines. La Russie a pour sa part spectaculairement raté un alunissage l’été dernier.

Cendres controversées

PHOTO DE LA NASA, FOURNIE PAR L’AGENCE FRANCE-PRESSE

La mission transporte les cendres ou l’ADN de dizaines de personnes.

La mission a également provoqué la controverse, car elle transporte les cendres ou l’ADN de dizaines de personnes, dont celles du créateur de Star Trek, Gene Roddenberry. Il s’agit d’un partenariat avec l’entreprise Celestis, spécialisée dans les « vols spatiaux commémoratifs ». L’envoi de ces cendres sur la Lune a suscité la colère de la tribu amérindienne Navajo, qui a fustigé la « profanation d’un lieu sacré ». Entendue vendredi lors d’une réunion avec des représentants de la NASA, du régulateur aérien américain et de la Maison-Blanche, la tribu n’a toutefois pas obtenu le report du lancement.

Objectif : remettre le pied sur la Lune

PHOTO D’ARCHIVES DE LA NASA, FOURNIE PAR L’ASSOCIATED PRESS

L’astronaute Alan Shepard, lors de la mission Apollo 14, conduisant une expérience près d’un cratère lunaire

Le lancement doit inaugurer une série de missions soutenues par l’agence spatiale américaine, qui souhaite se reposer en partie sur le secteur privé pour ses ambitions lunaires. Cette nouvelle stratégie misant sur le privé doit permettre à la NASA « de faire le voyage plus souvent, plus rapidement et pour moins cher », a expliqué Joel Kearns, haut responsable au sein de l’agence spatiale. Ces missions étudiant l’environnement lunaire doivent permettre de préparer le retour d’astronautes sur la Lune, que la NASA prévoit avec son programme Artémis. À ce jour, seuls les États-Unis, l’Union soviétique, la Chine et l’Inde ont réussi à faire atterrir un appareil sur la Lune.