Certaines espèces dorment en coulant au fond de l’eau. D’autres se réchauffent en cessant d’expirer. Vraiment, les océans recèlent presque autant de surprises que le cosmos… Voici un florilège de découvertes récentes de la biologie marine.

Le sommeil étonnant des éléphants de mer

Dix heures de sommeil par jour sur les plages californiennes et mexicaines, pendant la saison de la reproduction. Mais seulement deux heures par jour pendant les mois de chasse, dans le Pacifique Nord. Et dans des circonstances particulières : seulement dix minutes à la fois, en plongeant à 500 mètres de profondeur et en se laissant couler comme une pierre – touchant parfois les fonds marins sans se réveiller. Des biologistes de l’Université de Californie à Santa Cruz ont détaillé en avril, dans Science, les habitudes de sommeil surprenantes des éléphants de mer. Pendant un an, ils ont suivi à distance 300 éléphants de mer, dont 13 portaient des électroencéphalographes.

Rester chaud en retenant son souffle

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Le requin-marteau halicorne vit partout le long des côtes tropicales, sauf dans le Pacifique Est.

Le requin-marteau halicorne vit dans les tropiques, mais il chasse la nuit en profondeur. Comment réussit-il à bien fonctionner dans des eaux beaucoup plus froides qu’à la surface ? En retenant sa respiration, viennent de répondre des biologistes de l’Université d’Hawaii. Dans Science en mai, ils expliquent comment des vidéos de requins-marteaux chassant à un kilomètre sous la surface, dans des eaux à 5 °C, montrent que leurs branchies sont fermées. Ouvertes, elles servent non seulement à la respiration, mais aussi d’échangeur de chaleur.

Le mystère de la baleine pygmée

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La baleine pygmée vit dans l’océan Austral, juste au sud de l’Amérique, de l’Afrique et de l’Océanie.

La baleine pygmée est finalement plus proche de la baleine bleue que de la baleine franche, même si son crâne ressemble à celui de cette dernière. Ce débat, qui dure depuis un siècle et demi, a été généré par les habitudes de la baleine pygmée, qui vit dans l’océan Austral. Elle semble prendre de grosses gorgées d’eau pour en avaler les organismes vivants, comme les baleines bleues. Or, son crâne est – comme celui de la baleine franche – bien adapté à une autre stratégie alimentaire, soit nager à la surface en gardant la bouche ouverte pendant une longue période de temps. Les analyses génétiques de biologistes de l’Université d’Otago, en Nouvelle-Zélande, publiées en juillet dans Marine Mammal Science, ont permis de régler le débat.

Les éoliennes et les homards

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Le homard européen vit notamment sur les côtes atlantiques et méditerranéennes.

Le homard européen se sert des ancrages des éoliennes installées au large comme d’un abri, selon une nouvelle étude britannique. Les chercheurs de l’Université Aberystwyth, dans le pays de Galles, ont étudié les homards vivant aux alentours d’une éolienne située à 14 km des côtes, ancrée à une profondeur d’une vingtaine de mètres. Les homards avaient tendance à se promener près de l’ancrage. Cela signifie que les nombreux projets éoliens océaniques prévus pourraient bénéficier à cette espèce, indiquent les biologistes gallois en juillet dans l’ICES Journal of Marine Science.

Des otaries plus robustes

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Une otarie de Californie dans la baie de Morro entre Los Angeles et San Francisco

Le nombre d’otaries de Californie a plus que triplé – à 170 000 individus depuis 50 ans – grâce à des zones protégées dans le Pacifique. Mais cette foule n’a pas rendu plus difficile leur alimentation, selon des biologistes de l’Université de Californie à Santa Cruz. En avril dans Current Biology, ils décrivent comment les crânes d’otaries recueillis par des musées locaux depuis les années 1960 sont de plus en plus robustes sur le plan musculaire. Ils ont aussi analysé la composition chimique de ces 300 crânes et déduit que les otaries ont augmenté la variété de leur alimentation au fil des décennies.

Des réfugiés climatiques

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Des manchots du Cap au cap de Bonne-Espérance

L’habitat des manchots du Cap est dix fois plus petit que lors du maximum glaciaire, il y a 22 000 ans, selon une nouvelle étude sud-africaine. Leur nombre a donc chuté de plusieurs centaines de millions à quelques millions au début du XIXsiècle, avant de péricliter jusqu’à moins de 100 000 individus aujourd’hui, à cause des activités humaines. Les biologistes de l’Université Stellenbosch, près du Cap, ont identifié 300 îles qui sont disparues à cause de la fonte des calottes glaciaires depuis 22 000 ans et extrapolé le nombre de manchots du Cap qui y habitaient alors. Ils publiaient leurs résultats en avril dans l’African Journal of Marine Science.

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