Plusieurs femmes ont eu toute une surprise au cours des dernières semaines, en constatant que leurs capsules de progestérone Prometrium, une hormone féminine pour lutter contre les symptômes de la ménopause, étaient tout simplement vides. Le fabricant dit avoir déclenché une enquête pour faire la lumière sur cette affaire.

Depuis un mois, Cynthia*, qui est en préménopause, sentait que quelque chose ne tournait pas rond. « Je ne dors pas la nuit. J’ai des palpitations au cœur. Je fais de l’anxiété. Ça m’avait déjà fait ça il y a quelques années avant que je prenne le Prometrium, donc je savais tout de suite que c’était un débalancement hormonal », dit-elle.

Mais les semaines passaient et son état ne s’améliorait pas. Elle a donc décidé d’arrêter de travailler pendant deux semaines. « Je pensais que j’étais en train de devenir folle », confie-t-elle à ce sujet.

Début décembre, Cynthia est tombée sur une publication du groupe Facebook Hormones Bioidentiques indiquant qu’une des membres du groupe, Aline*, avait constaté que ses capsules de Prometrium étaient plus dures que la normale et surtout vides à l’intérieur.

« Je me suis dit : ça n’a pas de bon sens. C’est sûr que c’est ça qui se passe », explique Cynthia. Pour en avoir le cœur net, elle a donc décidé d’ouvrir ses capsules. Résultat : 20 des 22 capsules de Prometrium étaient vides. « Je me demande combien de personnes ici au Québec vivent ça en ce moment sans le savoir », dit celle qui habite la région de l’Estrie.

Une enquête en cours

Aline prend elle aussi les capsules Prometrium depuis plusieurs années pour diminuer ses symptômes liés à la ménopause. Puisque la capsule lui donne des brûlements d’estomac, elle la croque pour obtenir le médicament sous forme liquide à l’intérieur et la jette une fois son contenu vidé.

Depuis un bout de temps, j’ai réalisé que les capsules étaient beaucoup plus denses ou dures à croquer et j’ai commencé à avoir des symptômes, comme des sueurs nocturnes, de l’anxiété inexpliquée et mon sommeil était perturbé.

Aline*, résidante du Bas-Saint-Laurent

Au cours des jours suivants, elle dit avoir entendu un bruit en croquant une capsule. « Comme un pop de vide », illustre-t-elle. Pour en avoir le cœur net, elle a décidé de percer les capsules, afin d’en vérifier le contenu. Sur une dizaine de capsules, quatre étaient complètement vides. Elle a ensuite contacté le fabricant du Prometrium, l’entreprise Organon, qui lui a offert de remplacer ses médicaments.

En réponse à la demande de La Presse, l’entreprise Organon a confirmé que son centre d’information médicale a récemment été informé de la situation. « Une investigation est en cours avec le site de fabrication et nous attendons les résultats de l’investigation, ce qui déterminera la suite des actions à entreprendre, s’il y a lieu », a indiqué l’entreprise par courriel, en précisant simplement que tous les produits d’Organon sont évalués avant qu’ils ne quittent leur site de fabrication.

« Ça ne devrait jamais arriver »

« Une capsule vide comme ça, c’est la première fois que j’entends cette situation-là », dit Marie-Pascale Beaulieu, directrice des services pharmaceutiques à l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP). « Dans l’industrie, il y a des contrôles de qualité, donc ça ne devrait jamais arriver, des situations comme ça. » Elle recommande aux personnes touchées de demander conseil aux pharmaciens, qui ont différentes solutions de rechange.

Trois autres femmes ont également contacté La Presse pour faire part de la situation. L’une d’entre elles, Corinne Chevalier, a constaté dans les derniers jours que certaines de ses capsules Prometrium étaient moins remplies que d’autres. « J’ai une perte de confiance. Des fluctuations d’hormones, ça provoque d’énormes chamboulements dans la santé des femmes », note celle qui prend ce médicament quotidiennement depuis quatre ans.

Mme Chevalier a également contacté le fabricant Organon pour l’avertir. « Ils nous disent de retourner l’échanger à la pharmacie. Comme si ce n’était pas grave », se désole-t-elle. « Il y a quelques mois, il y a eu une rupture de stock de timbres Estradot, maintenant il y a une mauvaise fabrication des médicaments. C’est encore des médicaments pour les femmes ménopausées. C’est comme si ce n’est pas important. »

Plus de 20 000 femmes assurées par le régime public prennent de la progestérone micronisée, ce qui inclut Prometrium d’Organon, selon les derniers chiffres de la RAMQ datant du mois d’avril.

* Ces femmes ont préféré taire leur nom de famille, leur entourage n’étant pas au courant qu’elles prennent des capsules de progestérone.