(Montréal) La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), qui réunit 80 000 professionnelles en soins, sera à nouveau en grève les 23 et 24 novembre. Mercredi, elles ont été nombreuses à manifester pour de meilleures conditions de travail.

« Les [députés] se votent des 30 % d’augmentation de salaire et nous, on n’a rien, on a des petites miettes. On est indispensable et il est temps qu’on nous le prouve », lance l’infirmière en médecine transfusionnelle Marie-Josée Bernard, qui manifestait mercredi matin devant le CHUM aux côtés d’une centaine de collègues.

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Des membres de la FIQ ont aussi débrayé devant l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont.

La grève a commencé à minuit mercredi et se poursuivra pendant 48 heures. Il s’agit de la première grève de la FIQ depuis presque 25 ans. Deux jours de grève supplémentaires auront lieu les 23 et 24 novembre.

Les automobilistes étaient nombreux à klaxonner pour encourager les manifestants rassemblés sur le trottoir devant le centre hospitalier. « Je trouve vraiment qu’on a l’appui de la population et je ne pense pas que ça va changer », s’est réjouie Mélanie Brunel, infirmière au bloc opératoire.

« Ce n’est pas de gaieté de cœur »

« Il est primordial qu’on ait des avancées à la table. La grève, ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on la fait, c’est parce que nos limites sont atteintes depuis trop longtemps. C’est un moyen de se faire entendre par un gouvernement méprisant, qui ne comprend pas notre réalité », a déclaré dans un communiqué la présidente de la FIQ, Julie Bouchard.

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Julie Bouchard

La FIQ regroupe des infirmières, des infirmières auxiliaires, des inhalothérapeutes et des perfusionnistes cliniques. Les services essentiels doivent être maintenus malgré la grève, mais certains soins peuvent être ralentis sur certaines unités, indique la Fédération.

« Si on est rendues à faire la grève, c’est parce que le gouvernement refuse de nous entendre. Les propositions d’augmentation de salaire vont nous appauvrir puisqu’elles ne couvrent même pas l’inflation. Et surtout, le gouvernement veut prendre une professionnelle en soins et la déplacer n’importe où, quand ça lui chante. C’est de la folie et on n’acceptera pas ça », a déclaré Mme Bouchard, ajoutant que « c’est inhumain pour les travailleuses » et « carrément dangereux » pour les patients.

De nombreuses revendications

En plus des salaires, la FIQ revendique une loi sur des ratios sécuritaires infirmière/patients, de même que plus de stabilité dans les postes. L’organisation syndicale se plaint du fait que le gouvernement veut pouvoir déplacer les infirmières d’unité de soins, d’établissement, voire de quart de travail, selon les besoins. Les infirmières estiment qu’elles seraient ainsi traitées comme des pions interchangeables.

La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, estime qu’elle doit revoir l’organisation du travail – c’est même sa priorité dans la présente négociation – afin de pouvoir mieux répondre aux besoins.

Le gouvernement Legault a offert la semaine dernière des augmentations de salaire de 10,3 % sur cinq ans pour les 600 000 employés de l’État, en plus de bonifications représentant 3 % pour certaines catégories de travailleurs et un montant forfaitaire pour tous de 1000 $ la première année.

Avec La Presse Canadienne