(Montréal) Une motion adoptée mardi par l’Assemblée nationale du Québec rappelle poliment au gouvernement fédéral de se mêler de ses affaires en matière de soins et de services de santé, tout en lui redemandant de rehausser leur financement.

Soumise conjointement par le ministre de la Santé, Christian Dubé, et les porte-parole des oppositions, la motion « rappelle le déséquilibre important dans le financement du réseau de la santé », tout en insistant sur le fait qu’il s’agit d’un « champ de compétence exclusif du Québec » pour lequel la province « est en droit de demander une compensation sans condition pour tout nouveau programme fédéral ».

Rappelons que le Québec est la seule province qui ne compte toujours pas d’entente de principe avec le gouvernement fédéral sur la bonification des transferts en santé. Le gouvernement de François Legault serait toujours en discussions avec Ottawa, mais on refuse catégoriquement d’accepter l’imposition de toute condition par le fédéral.

Par ailleurs, les provinces s’inquiéteraient de voir Ottawa chercher de nouvelles manières d’empiéter sur leur autonomie en santé. La motion adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale fait référence à une lettre cosignée par plusieurs ministres de la Santé et initiée par Christian Dubé.

Ce dernier a récemment réussi à rallier huit de ses homologues pour cosigner une lettre demandant à Ottawa de cesser de s’ingérer dans leur champ de compétence.

La missive transmise au ministre fédéral Mark Holland porte la signature des ministres de la Santé du Québec, de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve-et-Labrador, de la Saskatchewan, de l’Alberta, de la Colombie-Britannique et du Yukon.

Ce que reprochent les provinces au ministre Mark Holland, c’est le dépôt attendu d’une nouvelle lettre d’interprétation de la Loi canadienne sur la santé qui « ne contribue pas à appuyer les systèmes de santé publique, mais tente plutôt d’offrir une approche fédérale éloignée des réalités ».

« Cette approche ne correspond pas aux priorités provinciales et territoriales et ne reflète pas les besoins et les réalités de nos résidents », peut-on lire dans la lettre dont La Presse Canadienne a obtenu copie.

Les ministres des provinces et territoires disent avoir besoin d’un « partenaire fédéral qui soutiendra financièrement les systèmes de santé » en respectant les particularités de chacun.

Autrement dit, ils demandent à Ottawa de se contenter de financer les soins et les services sans se mêler de leur organisation.

Le cabinet du ministre fédéral de la Santé, Mark Holland, n’a pas répondu pour le moment à nos demandes de commentaires au sujet de la motion et de la lettre des provinces.

Lors d’une mêlée de presse, la semaine dernière, Christian Dubé avait fait allusion à cette lettre dans une réponse à une question concernant le dossier des transferts en santé.

« On avait demandé six milliards, vous nous avez alloué un milliard, qu’on n’a pas encore reçu… Donc, premièrement, on n’a pas eu du tout ce qu’on a demandé. Puis, deuxièmement, vous avez mis plein de conditions alors que nous on dit que la santé c’est une juridiction provinciale », avait-il déclaré pour expliquer l’absence d’entente de principe huit mois après que le Conseil de la fédération eut accepté l’offre bonifiée d’Ottawa.

« C’est pour ça qu’on n’a pas signé », avait conclu le ministre.

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