Un sondage mené par le ministère de l'Éducation l'année dernière révèle que 16 % des écoles répondantes affirment qu'un ou des membres de leur personnel portent un signe religieux. Moins de la moitié des établissements ont participé à l'enquête, et c'est inférieur dans la métropole et à Laval par exemple.

En conférence de presse mardi, le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, a affirmé que ce sondage avait été préparé en juin dernier par le gouvernement Couillard. Il a accusé le Parti libéral d'avoir fait «l'hypocrite» la semaine dernière en dénonçant sa démarche auprès des commissions scolaires visant à connaître le nombre d'enseignants qui portent des signes religieux.

Le ministre de l'Éducation à l'époque, Sébastien Proulx, a répliqué en disant qu'il n'avait jamais eu connaissance de ce sondage. C'était de toute évidence, selon lui, une «démarche administrative». «Je n'aurais pas autorisé ces questions sur les signes religieux», a soutenu le leader parlementaire libéral.

La préparation du sondage avait été complétée en juin dernier. Les écoles étaient appelées à répondre de façon volontaire entre le 19  novembre et le 14  décembre sur le portail CollecteInfo - donc après les élections, sous le gouvernement caquiste.

Sur les 2616 écoles concernées, 44,5% ont répondu. Le taux de participation a atteint 35% à Montréal et à peine 3% à Laval, par exemple. Voici les résultats :

> Aucune personne ne porte un signe religieux visible : 977 écoles (83,9%)

> 1 à 5 personnes portent des signes religieux visibles : 135 écoles (11,6%)

> 6 à 15 : 45 écoles (3,9%)

> 16 à 24 : 6 écoles (0,5%)

> 25 et plus : 1 école (0,1%)

Parmi les personnes qui portent un signe religieux, il s'agit surtout de membres du personnel de soutien (46,9%), du personnel enseignant (38,8%), du personnel administratif (8%) et du personnel professionnel (6,3%).  Le sondage ne traite pas du personnel des services de garde.

«Ce que révèle ce sondage, c'est qu'il y a très, très, très, très peu de gens qui portent des symboles religieux dans les écoles», a commenté Jean-François Roberge. Cette réalité ne rend pas «plus ou moins acceptable» l'intention de son gouvernement d'interdire le port de signes religieux chez les enseignants. «Car pour nous, c'est une question de principe», a-t-il dit, assurant que le gouvernement mettra en oeuvre sa promesse électorale.

Il soutient que son ministère ne l'a informé que la semaine dernière de l'existence de ce sondage. Le même ministère sollicitait pourtant des commissions scolaires le 25 janvier afin d'obtenir des statistiques sur le port de signes religieux dans les écoles.

«Des commissions scolaires ont lancé des hauts cris simplement parce qu'on leur avait demandé cette information ! Or, quelques mois plus tôt, des centaines de directions d'école répondaient» au sondage du ministère, a affirmé M. Roberge, déplorant les attaques menées contre lui par des commissions scolaires.

La présidente de la Commission scolaire de Montréal, Catherine Harel Bourdon, avait déclaré qu'il était «aberrant» que le gouvernement Legault lui demande de dénombrer les enseignants qui portent des signes religieux. Présente au parlement alors que M.  Roberge s'adressait aux médias, elle a réagi en disant ne pas avoir été mis au courant de ce sondage. Selon ses explications, si elle a dénoncé la démarche du gouvernement, c'est qu'elle croyait que, comme employeur, la commission scolaire risquait de brimer les droits du personnel.