Le comité de la justice de la Chambre des communes, dominé par les libéraux, a mis fin à l'enquête sur l'affaire SNC-Lavalin, mardi, suscitant les hauts cris de l'opposition conservatrice et néo-démocrate la journée de la présentation du budget fédéral.

Le chef conservateur, Andrew Scheer, a accusé le premier ministre Justin Trudeau de « se moquer » des Canadiens. Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a pour sa part réclamé une enquête publique.

Les conservateurs ont même comparé les libéraux à des régimes comme ceux du Venezuela et de Russie, qui ne respectent pas la règle de droit - une analogie que la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a trouvée insultante.

Les débats les plus passionnés sont survenus plus tard, alors que le ministre des Finances, Bill Morneau, se préparait à dévoiler le budget préélectoral des libéraux. Les conservateurs ont d'ailleurs fait de l'obstruction en Chambre pour repousser la présentation de l'énoncé budgétaire, qui a commencé une heure plus tard que prévu. Les informations du budget ont pu tout de même être dévoilées à 16 h, comme prévu.

Lors de la période des questions, M. Trudeau a accusé les conservateurs de vouloir éviter de parler du budget en raison de leur approche « défaillante » de l'économie. Le premier ministre et la leader du gouvernement en Chambre, Bardish Chagger, ont énuméré à répétition le bilan des libéraux : 900 000 nouveaux emplois, 300 000 enfants retirés de la pauvreté et neuf millions de Canadiens qui paient moins d'impôt sur le revenu.

« Les conservateurs ne veulent pas parler d'emplois, de croissance, d'investissements dans les Canadiens parce qu'ils réalisent qu'ils n'ont pas de plan », a tonné le premier ministre.

Fin de l'enquête sur SNC-Lavalin

Ce n'était rien pour calmer l'opposition, qui rage depuis que les libéraux majoritaires au comité de la justice de la Chambre des communes ont décidé de tourner la page sur les cinq semaines d'enquête dans l'affaire SNC-Lavalin.

Les députés conservateurs et néo-démocrates ont tenté sans succès, mardi matin, devant le comité, de réinviter l'ancienne procureure générale Jody Wilson-Raybould pour qu'elle apporte des clarifications à cette controverse qui embarrasse le gouvernement depuis le mois de février.

La firme de génie de Montréal est au centre d'une tempête politique alors que circulent des allégations selon lesquelles des employés du bureau du premier ministre auraient fait des pressions indues sur Mme Wilson-Raybould pour que l'entreprise évite un procès criminel.

Les conservateurs et néo-démocrates croient que les Canadiens devaient en apprendre davantage sur la controverse.

« Ce qui est arrivé aujourd'hui est scandaleux, a déploré mardi le député conservateur Michael Cooper. S'il était nécessaire de prouver que les députés libéraux du Comité de la justice sont des agents du premier ministre qui font le travail pour dissimuler les méfaits du premier ministre, il suffit alors de regarder ce qui s'est passé lors de la réunion d'aujourd'hui. »

Les principaux témoins entendus

Les libéraux du comité de la justice avaient écrit lundi au président, le libéral Anthony Housefather, pour expliquer que le comité avait fait son travail et qu'il devrait traiter d'autres sujets.

« Le comité a entendu les principaux témoins dans cette affaire. Nous avons entendu 13 heures de témoignages exhaustifs de 10 témoins différents. Les Canadiens peuvent juger par eux-mêmes des faits, des perspectives et des principes juridiques pertinents, ont-ils écrit. En tant que membres du comité, nous avons atteint nos objectifs en ce qui concerne ces réunions. »

Ils ont proposé une motion pour que le comité enquête maintenant sur la hausse des crimes haineux au Canada.