Alarmé par sa propre expérience familiale et les dernières données scientifiques, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, propose de s’attaquer au temps d’écran démesuré auquel sont exposés les jeunes du Québec. Un « vrai problème de santé publique », selon lui. Son parti en fera l’une des priorités de cette session parlementaire, a-t-il annoncé dimanche.

« L’idée, ce n’est pas de culpabiliser ou de prendre des décisions à la place des parents », a précisé d’emblée Paul St-Pierre Plamondon en entrevue avec La Presse dimanche. « Mais une fois que les statistiques le confirment [qu’il y a un problème], je pense qu’on peut se mobiliser autour de ça. »

La question du temps d’écran chez les jeunes touche la vie du chef du Parti québécois (PQ), lui-même père de trois enfants en bas âge. « Ma vie professionnelle est chargée, donc un Pat’Patrouille ou un Caillou, quand tu n’as plus de temps ou d’énergie, je sais que ça remplit la case horaire », souligne-t-il. « Mais quand tu vois les effets sur la santé physique et psychologique des jeunes, c’est alarmant. »

Ses amis vivent les mêmes défis avec leurs propres enfants, ajoute l’homme de 46 ans. La lecture de l’essai Faut que ça bouge, de Pierre Lavoie et Jean-François Harvey, publié en septembre dernier, a achevé de convaincre M. St-Pierre Plamondon de l’importance du sujet. Son parti politique a décidé d’en faire un cheval de bataille.

Une priorité

Le Parti québécois fera donc du temps d’écran chez les jeunes – « un réel problème de santé publique » – l’une de ses priorités lors de cette session parlementaire, a annoncé le chef du PQ sur Facebook dimanche.

Une idée « intéressante », selon Stéphane Villeneuve, expert en intégration du numérique en milieu scolaire et professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). « Il faut de l’hygiène numérique, faire en sorte que les jeunes soient capables de s’autoréguler, estime-t-il. Et il faut éduquer les parents, parce que les jeunes vont imiter leurs parents qui sont souvent sur leurs téléphones ou sur leurs ordinateurs. »

Québec s’est déjà doté d’une stratégie sur l’utilisation des écrans et la santé des jeunes, mais le chef péquiste croit qu’il faut aller plus loin et, surtout, plus vite.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Paul St-Pierre Plamondon

« Il ne faut pas prétendre tout connaître du sujet ou vouloir se substituer aux parents, mais pour ce qui est des écoles et des centres de la petite enfance (CPE), l’État devrait être exemplaire », lance M. St-Pierre Plamondon. Il se dit lui-même surpris que sa fille passe 30 minutes par jour en maternelle à regarder des dessins animés, par exemple.

Sans compter qu’un élargissement du système de santé – des psychologues dans le réseau public – ne pourra pas toujours répondre à cet enjeu, renchérit le politicien.

Stéphane Villeneuve trouve particulièrement intéressant que le PQ fasse des suggestions pour s’attaquer au problème. « Il faut que pendant les pauses à l’école, les jeunes socialisent, donne-t-il en exemple. Qu’ils soient capables de communiquer. Faire en sorte qu’ils redécouvrent le plaisir d’être entre eux. »

L’enjeu peut être comparé à la dépendance à la cigarette, ciblée dans les années 1980, estime Paul St-Pierre Plamondon : « Il faut oser imaginer un Québec libéré de la cyberdépendance et d’un temps d’écran excessif. »

Les suggestions du Parti québécois pour s’attaquer au temps d’écran chez les jeunes

  • Que l’État et le système d’éducation soient exemplaires, notamment en sortant les écrans des salles de classe.
  • Intégrer des contenus spécifiques à l’utilisation des écrans par les parents et les enfants dans le guide gouvernemental à leur intention ; et y distinguer les contenus et les habitudes plus nocives pour les enfants de ceux qui sont davantage acceptables.
  • Étudier la possibilité d’interdire les cellulaires et tablettes durant les pauses à l’école.
  • Interdire les écrans dans les CPE, garderies privées subventionnées, non subventionnées et en milieu familial.
  • Des campagnes de sensibilisation beaucoup plus présentes et audibles sur les effets nocifs de l’exposition aux écrans pour les enfants.
  • Obliger le fournisseur d’un appareil à offrir aux parents l’installation d’un contrôle parental au Québec qui permette de limiter le temps d’exposition.
  • Étudier la possibilité d’instaurer une majorité numérique et obliger les réseaux sociaux à vérifier l’âge de l’utilisateur.
  • Inscrire les risques liés à la santé pour les jeunes sur les emballages de téléphones cellulaires et de tablettes.