(Québec) Un député libéral reproche au leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, de gérer les travaux de l’Assemblée nationale comme un « bulldozer » : il devait déménager sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer, mais déplore que les caquistes aient refusé jusqu’à la dernière minute de l’accommoder.

« Il ne nous a jamais parlé de sa mère malade, jamais », a répliqué la porte-parole du leader du gouvernement, Élisabeth Gosselin, en faisant valoir que le gouvernement a tenté de trouver une solution et qu’en dernier recours, un élu de l’opposition peut toujours tenter de se faire remplacer par un collègue.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Le leader parlementaire du gouvernement Simon Jolin-Barrette

Jeudi matin, le député libéral de Vimont, Jean Rousselle, s’est ouvert sur l’incident en commission parlementaire sur l’étude du projet de loi 45 sur les coroners.

Ému, ce porte-parole de l’opposition officielle en matière de sécurité publique a expliqué que mercredi de la semaine dernière, il devait déménager sa mère très âgée en résidence à la demande de son père de 90 ans, qui en était incapable.

« Pensez-y, vous êtes assis sur le lit avec votre mère : « tu sais, maman, il va falloir que tu restes ici aujourd’hui, tu ne pourras pas revenir à la maison ». Elle ne comprend pas tout, et toi, tu refoules ça, tu ne veux pas lui montrer que tu as de la peine. »

M. Rousselle a indiqué que malgré les demandes de sa formation, le cabinet du leader caquiste a refusé de différer les travaux.

« Ben non, le côté humain de ce leader-là : « Non, non, tu vas venir travailler, mon boy, tu vas mettre ça de côté, il faut avancer dans nos affaires ». »

Découragé, il a donc décidé mercredi matin de la semaine dernière de se rendre siéger à Québec, pour apprendre ensuite qu’on accédait à sa demande… alors qu’il était en route.

« Un bon leader, c’est quelqu’un qui fait preuve de souplesse, pas un bulldozer », a-t-il conclu.

« Il aurait très bien pu choisir de se faire remplacer, il ne l’a pas fait, ça devient son choix », a répliqué Élisabeth Gosselin.

Elle a assuré que le gouvernement est « capable d’être accommodant » et a ajourné le débat le mardi 22 jusqu’au mercredi pour lui permettre de prendre la parole. Il a toujours dit que c’était pour des raisons personnelles, sans préciser lesquelles, a-t-elle ajouté.

« S’il n’était pas en mesure de prendre la parole mercredi, il aurait aussi pu se faire remplacer. Au final, il a pu s’exprimer mercredi. »

Le leader parlementaire du gouvernement est celui qui gère les travaux du Parlement, habituellement en collaboration avec les leaders parlementaires des autres formations politiques.

Or tous les leaders de l’opposition, autant du Parti libéral du Québec (PLQ), que de Québec solidaire (QS) et du Parti québécois (PQ), ont exprimé leur exaspération et déploré le manque de collaboration de leur homologue en Chambre mercredi.

« Ça a pris une semaine et demie de pourparlers avec le gouvernement pour finalement devoir, sur le plancher, en arriver à une entente de dernière minute, alors que le député de Vimont était déjà fort probablement en route vers Québec, a dénoncé le leader du PLQ, André Fortin. Il était trop tard. »

« Voyez l’arrogance »

Le leader de l’opposition péquiste en Chambre, Martin Ouellet, a souligné que sa petite équipe de neuf élus tentait du mieux qu’elle pouvait de prendre part à tous les travaux de commission, mais que la CAQ programmait des travaux sans égards aux demandes d’accommodement. A fortiori, en pleine pandémie, les effectifs permis en Chambre sont réduits.

Il a cité la réponse de M. Jolin-Barrette quand il dû quitter une commission pour aller à une autre séance de travail : « Écoutez, vous avez juste à gagner plus de sièges, ça ne serait pas la situation. »

« Donc, voyez l’arrogance qui nous est offerte, a pesté M. Ouellet. On comprend la volonté du gouvernement, d’accélérer son menu législatif, mais ça prend du donnant, donnant, ça prend un autre côté de la médaille, et, présentement, la seule médaille que je vois, c’est la CAQ, elle est sur les deux bords. »

Le leader parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, avait indiqué à de nombreuses reprises que son député d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, ne pouvait être présent aux travaux d’une commission. L’élu finalement se présente, mais la séance est… annulée le jour même, mais celle du lendemain où il ne peut être reste à l’horaire.

« La journée même, là, c’est juste cavalier, c’est juste complètement inconsidéré envers les députés de l’opposition », a-t-il conclu.