C'est parce qu'il n'a pas accepté sa rupture avec Gabrielle Dufresne-Élie, malgré ses efforts pour la reconquérir, que Jonathan Mahautière a tué l'adolescente en l'étranglant dans une chambre de motel de l'est de Montréal en 2014, a plaidé hier la Couronne au procès du jeune homme.

Le procureur MÉric de Champlain a exhorté le jury hier à reconnaître coupable Jonathan Mahautière du meurtre au second degré de Gabrielle Dufresne-Élie et de rejeter la version « incohérente et invraisemblable » de l'accusé. « Il est difficile d'accepter le fait qu'un jeune homme de 18 ans a étranglé volontairement et consciemment sa copine de 17 ans parce qu'il n'acceptait pas la rupture. C'est pourtant la triste réalité », a-t-il déclaré au jury.

Dans les deux jours précédant le meurtre, le 7 juin 2014, Jonathan Mahautière a déclaré frénétiquement son amour à Gabrielle Dufresne-Élie sur Facebook et lui a demandé avec insistance si elle l'aimait toujours et s'ils pourraient rester ensemble. « Je n'ai plus vraiment de sentiment. Arrête de me poser cette question », lâche-t-elle, agacée.

Le jour du meurtre, Jonathan Mahautière est en « mode séduction, parce qu'il veut reconquérir Gabrielle ». Il refuse d'accepter que sa copine des dernières années « puisse le laisser », soutient la Couronne. Mais quelques heures avant le drame, l'adolescente lui dit clairement que leur relation est terminée pendant une séance de thérapie de couple exigée par Mahautière.

L'accusé soutient avoir perdu le contrôle de son corps, lorsqu'il a étranglé Gabrielle en fin de soirée après avoir eu une relation sexuelle. Les dernières paroles de la victime l'ont fait « exploser », selon sa version. La défense montre du doigt son trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) avec « impulsivité marquée, sévère et non médicamentée » et son trouble de l'adaptation avec humeur anxieuse et dépressive pour expliquer son geste « impulsif, irréfléchi et involontaire ».

APPEL AU 911

Une version rejetée complètement par la Couronne. « Imaginez-vous une seconde. Vous avez perdu le contrôle de vos gestes. Vous relevez la tête et vous réalisez que votre copine est inconsciente et vous allez vous habiller, mettre une casquette et allez vers le métro Cadillac. Ça va être votre réaction. Vous venez de revenir ! Gabrielle est au sol ! Et ça, c'est votre réaction ? Non », a martelé Mde Champlain.

De plus, l'appel au 911 de l'accusé démontre clairement sa compréhension de son geste, estime la Couronne. Pendant une demi-heure, Jonathan Mahautière ne souffle aucun mot sur l'état de santé de sa victime et s'inquiète surtout de la confidentialité de son appel, de la médiatisation de son crime et de ses conditions d'incarcération. « Pourquoi, au 911, il ne demande pas une ambulance immédiatement ? », se demande Mde Champlain.

La défense a présenté au jury une défense d'« automatisme avec trouble mental » pour le déclarer non criminellement responsable, ainsi qu'une défense de « responsabilité diminuée » afin de le faire reconnaître coupable d'homicide involontaire si la première défense n'est pas retenue.

Les délibérations pourraient s'amorcer lundi.

Photo tirée de Facebook

Gabrielle Dufresne-Élie, victime de Jonathan Mahautière