Le propriétaire de l'usine Perfection Métal, Jean-Pierre Huot, affirme que si des armes létales ont été fabriquées dans son entreprise plutôt que des pistolets de paintball, auxquels il avait donné son approbation, cela s'est fait «à son insu, dans son dos».

Témoignant à son propre procès et à celui d'un associé, Pierre Larivière, M. Huot, qui est accusé de possession et de fabrication d'armes à feu, de silencieux et de chargeurs à haute capacité, a raconté que c'est un certain Clément Larivière, qu'il avait déjà eu comme client pour l'aréna et le garage de Châteauguay, qui lui a commandé des armes de paintball, en février 2013.

M. Huot a expliqué être un adepte de l'émission Sons of Arnachy - qui raconte l'histoire d'un groupe de motards - et avoir remarqué que les acteurs avaient des armes de type pistolet mitrailleur, et que c'est le modèle qu'il voulait pour les fusils de paintball. Il a affirmé que son coaccusé Pierre Larivière et un employé ont fait des recherches sur internet et déterminé que le Tec-9, de la société américaine Intratec, servirait de modèle.

«Pour moi, le paintball, il n'y a rien de criminel. Il y a des terrains partout. On m'a dit qu'on voulait des armes les plus réalistes possible», a dit le témoin.

L'accusé de 61 ans a expliqué avoir reçu 40 000 $ en comptant de Clément Larivière pour les pistolets. Il nie avoir fait des profits avec cette commande, car il a déboursé 6000 $ pour du matériel qu'il a finalement dû jeter. «Les paintball, ce n'était même pas 5 % de la business. On n'avait pas d'échéance, on faisait ça à temps perdu», a-t-il ajouté.

M. Larivière a affirmé que chaque pistolet était vendu environ 500 $, mais que le coût grimpait à 650 $ avec l'ajout d'un silencieux.

«Qui vous a demandé ça, un silencieux ?», lui a lancé son avocat, Me Robert Bellefeuille.

«Je ne sais plus. Mais dans le paintball, il y a toutes sortes d'affaires, même des grenades. Fallait que ça ait l'air le plus réel possible», a répondu M. Huot.

«Pour moi, les armes que l'on voit sur les photos - déposées en cour -, ce sont des armes de paintball. S'il y en a qui ont monté autre chose, cela a été fait dans mon dos. Je n'ai jamais voulu faire d'arme à feu de ma vie. J'ai donné cette tâche à Pierre Larivière et à un employé. J'ai de trop gros doigts et je n'ai pas la dextérité pour assembler un Tec-9», s'est-il défendu.

Jean-Pierre Huot a évalué que son usine a terminé et livré une centaine d'armes de paintball et une cinquantaine de manches (carcasses). Il a dit avoir remis le dernier fusil à Clément Larivière en décembre 2013, et que si d'autres armes étaient en fabrication à son usine après cette date, il n'a pas passé la commande. Bref, il a nié toute implication.

Rappelons que c'est dans la nuit du 13 mars 2014 que des patrouilleurs du Service de police de la Ville de Montréal, qui répondaient à une alarme pour introduction avec effraction chez Perfection Métal, rue Salley, dans l'arrondissement de LaSalle, ont découvert les armes.

Les enquêteurs de l'Escouade régionale mixte (ERM), Module armes à feu, ont ensuite ouvert une enquête et recueilli 18 armes fabriquées par Perfection qui avaient été retrouvées dans autant d'endroits, entre Montréal et Toronto.

M. Huot poursuivra son témoignage aujourd'hui. Le procès, qui se déroule maintenant avec 11 jurés, est présidé par la juge France Charbonneau, de la Cour supérieure.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

Photo déposée en cour

Une des armes létales, qui devait être un pistolet de paintball, fabriquée chez Perfection Métal.